L'Érythrée voit rouge face aux ambitions éthiopiennes en Somalie
L'Érythrée a exprimé son inquiétude à l'idée de rompre ses relations diplomatiques avec la Somalie à la suite d'un récent accord conclu entre la Somalie et l'Éthiopie.
Cet accord, qui a été facilité par la Turquie, vise à résoudre des tensions de longue date entre les deux pays de la Corne de l'Afrique., le qualifiant de précipité et mal conçu, tout en avertissant qu'il pourrait nuire à la stabilité régionale et aux relations bilatérales entre l'Érythrée et la Somalie.
Un conseiller du ministère érythréen des Affaires étrangères, Abdulkadir Idris, a déclaré que l'accord ne tenait pas compte des intérêts à long terme de la région. Selon lui, bien que la Somalie ait le droit souverain de conclure des accords, l'Érythrée perçoit cet arrangement comme un danger potentiel, en particulier si l'Éthiopie devait établir une base militaire navale stratégique sur la côte somalienne.
Les inquiétudes de l'Érythrée
Asmara estime que l'implantation militaire éthiopienne sur les côtes somaliennes pourrait menacer sa sécurité nationale. Idris a averti que si une telle décision était mise en œuvre, cela pourrait entraîner une réévaluation complète des relations diplomatiques entre l'Érythrée et la Somalie. Cette préoccupation est exacerbée par les précédents accords entre l'Éthiopie et le Somaliland, qui ont déjà provoqué des tensions dans la région.
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Réactions en Somalie
L'accord entre l'Éthiopie et la Somalie a suscité une forte controverse en Somalie même. Beaucoup de Somaliens considèrent cet accord comme une concession excessive à Addis-Abeba, qu'ils accusent d'avoir des ambitions expansionnistes dans la région. Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud fait face à des critiques croissantes pour ce qui est perçu comme une incohérence dans sa politique étrangère.
Position de l'Égypte
L'Égypte, qui entretient des relations étroites avec la Somalie, a également exprimé son inquiétude face à cet accord. Elle craint que la présence éthiopienne sur la côte somalienne ne renforce les ambitions d'Addis-Abeba dans la région, notamment en ce qui concerne le contrôle des ressources hydriques. En réponse, le ministre somalien des Affaires étrangères a assuré que l'accès éthiopien serait purement commercial et non militaire.
Accord tripartite précédent
Avant cet accord controversé, l'Éthiopie, l'Érythrée et l'Égypte avaient signé un pacte à Asmara visant à protéger les côtes somaliennes contre toute agression. Ce pacte incluait un engagement mutuel à préserver la souveraineté somalienne face à une éventuelle menace éthiopienne. Cependant, cet engagement semble maintenant fragilisé par le nouvel accord entre la Somalie et l'Éthiopie.
Conséquences potentielles
Les tensions croissantes entre ces acteurs régionaux pourraient compliquer davantage les efforts pour stabiliser la Corne de l'Afrique. Si l'Érythrée décidait de rompre ses liens avec la Somalie, cela pourrait isoler davantage Mogadiscio sur la scène régionale. Par ailleurs, l'intégration militaire ou économique éthiopienne en Somalie pourrait exacerber les rivalités entre les pays de la région.
Cet accord récent met en lumière les rivalités géopolitiques complexes et les sensibilités autour de la souveraineté nationale dans la Corne de l'Afrique.
Olivier d’Auzon