Etude : Comment les progestatifs peuvent augmenter le risque de tumeur au cerveau ?
L'utilisation prolongée de certains médicaments à base d'hormones progestatives est associée à un risque accru de développer un type de tumeur cérébrale appelé méningiome intracrânien, selon une étude publiée par Le British Medical Journal.
Des chercheurs français ont constaté un risque accru de méningiome en cas de prise de certaines molécules ayant des propriétés contraceptives sur une longue durée. Leurs résultats ont été publiés, mercredi soir, dans le BMJ.
Les chercheurs affirment que cette étude est la première à évaluer le risque associé aux progestatifs utilisés par des millions de femmes dans le monde, et que d’autres études sont nécessaires de toute urgence pour mieux comprendre ce risque.
Les progestatifs sont similaires à l'hormone naturelle progestérone, qui sont largement utilisées pour traiter des affections gynécologiques telles que l'endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, ainsi que dans l'hormonothérapie et les contraceptifs de la ménopause.
La France privilégie les retraites et la santé dans ses dépenses publiques
Pour sa part, Alain Weill, directeur adjoint du groupement Epi-Phare, alliance de l’Assurance maladie et de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), prévient d’emblée : « C’est un problème de santé publique mondial ! » Lui et ses équipes ont étudié le risque de méningiome (ou tumeur des méninges, qui entourent le cerveau) lié à la prise de trois médicaments progestatifs. Ceux-ci peuvent être notamment utilisés comme contraceptifs, dans le traitement de l’endométriose, contre les saignements utérins, ou encore en traitement hormonal substitutif de la ménopause, selon les cas, d’après le Parisien.
Les méningiomes sont pour la plupart des tumeurs non cancéreuses situées dans les couches de tissus (méninges) qui recouvrent le cerveau et la moelle épinière. Des facteurs tels que l’âge avancé, le sexe féminin et l’exposition à trois progestatifs à forte dose (nomégestrol, chlormadinone et acétate de cyprotérone) sont déjà connus pour augmenter le risque de méningiome.
Nombreux autres progestatifs
Mais il existe de nombreux autres progestatifs pour lesquels le risque de méningiome associé à leur utilisation n'a pas été estimé individuellement.
Pour combler ce manque de connaissances, les chercheurs ont entrepris d'évaluer le risque réel de méningiome intracrânien nécessitant une intervention chirurgicale chez les femmes associées à l'utilisation de plusieurs progestatifs avec différentes voies d'administration.
Ils ont utilisé les données du Système national d'informations de santé (SNDS) portant sur 18 061 femmes (âgées en moyenne de 58 ans) ayant subi une opération chirurgicale pour un méningiome intracrânien entre 2009 et 2018.
Chaque cas a été apparié à cinq femmes témoins sans méningiome intracrânien (90 305 au total) par année de naissance et zone de résidence.
La France va-t-elle devenir le premier pays à la sanctionner la discrimination capillaire ?
Les progestatifs examinés étaient la progestérone, l'hydroxyprogestérone, la dydrogestérone, la médrogestérone, l'acétate de médroxyprogestérone, la promégestone, le diénogest et le lévonorgestrel pour les systèmes intra-utérins.
L'utilisation d'au moins un des trois progestatifs à forte dose connus pour augmenter le risque de méningiome au cours des 3 années précédant l'admission à l'hôpital a également été enregistrée afin de minimiser les biais, selon ma clinique.
Après prise en compte d'autres facteurs potentiellement influents, l'utilisation prolongée (un an ou plus) de médrogestre était associée à un risque 4,1 fois plus élevé de méningiome intracrânien nécessitant une intervention chirurgicale. L'utilisation prolongée d'acétate de médroxyprogestérone injectable était associée à un risque 5,6 fois plus élevé, et l'utilisation prolongée de promégestone était associée à un risque 2,7 fois plus élevé.
La prédisposition génétique
Aucune conclusion n'a pu être tirée concernant le diénogest ou l'hydroxyprogestérone car le nombre de personnes exposées était trop faible.
Il s'agit d'une étude observationnelle qui ne peut donc pas établir de cause à effet, et les auteurs reconnaissent que la base de données SNDS manquait d'informations sur tous les détails cliniques et les indications médicales pour lesquelles les progestatifs sont prescrits. Ils n’étaient pas non plus en mesure de prendre en compte la prédisposition génétique et l’exposition à des radiations à forte dose.
Cependant, disent-ils, étant donné que l'acétate de médroxyprogestérone est estimé être utilisé pour le contrôle des naissances par 74 millions de femmes dans le monde, le nombre de méningiomes attribuables pourrait être potentiellement élevé.
D’autres études utilisant d’autres sources de données sont nécessaires de toute urgence pour mieux comprendre ce risque, concluent-ils.