France : Six policiers sur dix veulent pouvoir recourir plus souvent à la force
Selon une étude publiée ce mardi 27 février 2024 par la défenseure des droits, une majorité des policiers et gendarmes considèrent que mener à bien leur mission est prioritaire sur le respect de la loi.
C'est un questionnaire rempli de manière volontaire et anonyme par 976 gendarmes et 655 policiers. Répartis sur sept départements : trois en Île-de-France et quatre en région Auvergne-Rhône-Alpes, rapporte RFI.
Cette étude, confiée par la défenseure des droits, Claire Hédon, à des chercheurs du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip) met en lumière que 60% des policiers et gendarmes souhaiteraient une plus grande tolérance concernant l'usage de la force dans certains cas, qui ne sont pas précisés dans l'enquête. Une opinion plus répandue chez les policiers (69,1% contre 54,2% chez les gendarmes).
Cette étude rend aussi compte de la perception qu'ont les forces de l'ordre de leur rôle dans la société et met en avant une crise de confiance envers la population. Si l'usage de la force est réprouvé dans plus de neuf cas sur dix pour obtenir des aveux, seul un gendarme sur trois et moins d'un policier sur quatre pense que l'on peut faire confiance aux citoyens pour se comporter comme il faut.
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Ils sont par ailleurs 40% à mettre en doute l'efficacité des contrôles d'identité fréquents pour assurer la sécurité d'un territoire et tout particulièrement pour lutter contre la consommation de cannabis (69,5%).
Autorité indépendante
Dans son rapport, la défenseure des droits, autorité indépendante chargée d'assurer le respect de la déontologie par les personnes assurant la sécurité des citoyens, insiste aussi sur le manque de formation des forces de l'ordre. Près de la moitié des agents (45,7%) se disent suffisamment formés en matière de droit des citoyens et de règles de déontologie.
Claire Hédon préconise donc de « renforcer la formation initiale et continue des policiers et gendarmes et notamment sur la désescalade de la violence ».
Une large majoirté
Plusieurs syndicats de police dénoncent une étude à charge et rappellent, concernant les contrôles d'identité, que « si 40% des forces de l'ordre les jugent peu ou pas efficaces, 60% pensent qu'ils le sont, une large majorité » pour Éric Henry, délégué nationale Alliance, l'un des principaux syndicats de policiers.
Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP-FO, remet quant à elle la validité même de cette étude : « On s'interroge sur la méthode de ce sondage qui n'est représentatif de rien », commente-t-elle. « Pourquoi les questions telles qu'elles ont été posées ne sont pas rendues publiques et comment ont été sélectionnés les collègues qui ont répondu à l'enquête ? »
Sur le fond, Linda Kebbab précise qu'en France, « le nombre de procédures cassées par des magistrats pour non-respect de la loi est extrêmement faible », et rappelle que « des institutions comme l'IGPN (la police des polices) sont très efficaces ».