Gaza : Tout savoir sur la situation… Aides humanitaires, sommet pour la paix…
Des camions avec de l'aide humanitaire sont entrés à Gaza par le point de passage de Rafah depuis l'Egypte voisine de l’enclave, selon des images en direct diffusées samedi par la télévision égyptienne.
Ces ressources sont désespérément attendues par ses habitants qui manquent de tout. Par ailleurs, les efforts diplomatiques s'intensifient pour tenter d'éviter un embrasement régional. L'Egypte, grande puissance régionale, accueille aujourd’hui samedi au Caire un « sommet pour la paix ».
Alors que le conflit entre dans sa troisième semaine, c'est une aide désespérément attendue par les Gazaouis, dont le territoire reste pilonné sans relâche par Israël, qui s'est juré d' « anéantir » le mouvement palestinien Hamas. Samedi, des camions d'aide humanitaire ont commencé à traverser le terminal de Rafah côté égyptien, vers l'enclave palestinienne de Gaza, ont rapporté une source de sécurité et un responsable du Croissant-Rouge égyptien à l'Agence France-Presse (AFP), mais aussi des images diffusées en direct par la télévision égyptienne.
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En effet, cette dernière a montré plusieurs camions traverser l'immense porte du poste-frontière au 15e jour de guerre entre Israël et le Hamas, au pouvoir à Gaza, alors que des tonnes d'aide s'entassent depuis des jours dans l'attente d'un passage. Et pour cause, l'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à l'enclave, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Cette aide doit faire la différence « entre la vie et la mort », a souligné vendredi à Rafah le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
36 semi-remorques
Côté palestinien, 36 semi-remorques ont été vus par un journaliste de l'AFP se diriger vers la partie égyptienne du terminal, pour charger les premières cargaisons. Quelque 175 camions chargés d'aide humanitaire sont massés depuis des jours entre l'Egypte et Gaza. « Le convoi d'aide humanitaire qui est censé entrer [à Gaza] inclut 20 camions avec de l'aide médicale et une quantité limitée de produits alimentaires », a quant à lui déclaré le service de presse du Hamas.
Cette aide ne pouvait pas arriver avant en raison de travaux à faire sur la route, détruite par les bombardements israéliens. Par ailleurs, l'ambassade a mis en garde contre « l'environnement potentiellement chaotique » que pourrait créer cette ouverture, avec une ruée vers l'Egypte des binationaux fuyant Gaza et les premières livraisons d'aide.
Feu vert d'Israël pour aider les civils, mais sans transiter par son territoire
Plus tôt, le président américain Joe Biden avait dit avoir obtenu l'accord du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. En effet, le locataire de la Maison Blanche n'avait pas fait qu'apporter son soutien à Israël lors de sa visite éclair à Tel-Aviv. Il a aussi affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de « laisser jusqu'à 20 camions traverser » au passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël.
Comme nous l'écrivions jeudi, le porte-parole de la présidence égyptienne avait confirmé qu'Abdel Fattah al-Sissi et Joe Biden s'étaient mis d'accord « sur l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza via le terminal de Rafah, de manière durable ». Auparavant, le président américain avait assuré qu'Israël avait donné son feu vert, autorisant l'entrée d'aide via Rafah à condition qu'elle n'arrive qu'aux « civils ».
« Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », avait confirmé le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.
Le président américain a aussi averti Israël de ne pas faire les « erreurs » américaines d'après le 11-Septembre. « Ce qui nous distingue des terroristes est que nous croyons en la dignité fondamentale de chaque vie humaine », a déclaré Joe Biden. Si cela n'est pas respecté, « alors les terroristes gagnent ».
Cependant, Israël a posé une condition : cette aide ne transitera pas par son territoire tant que les otages détenus par le Hamas ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199, selon Israël. Par ailleurs, les Etats-Unis ont mis leur veto mercredi à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une « pause humanitaire », Washington reprochant au texte de ne pas mentionner le « droit d'Israël à se défendre ». A Pékin, le président chinois Xi Jinping a déclaré de son côté au Premier ministre égyptien que son pays souhaitait « travailler avec l'Egypte afin d'apporter plus de certitude et de stabilité à la région et au monde ».
Des premiers otages relâchés
Plus de 1.400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas depuis le 7 octobre, selon les autorités israéliennes.
Par ailleurs, dans la bande de Gaza, 4500 Palestiniens, majoritairement des civils et enfants, ont été tués dans les bombardements incessants menés par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza.
Le Croissant Rouge palestinien a fait état d'une menace de bombardement israélien contre l'hôpital Al-Quds, dans le nord de la bande de Gaza, mais s'est déclaré « incapable » d'évacuer l'établissement qui héberge quelque 500 patients dans la zone de l'enclave la plus durement frappée par l'armée israélienne. Une personne a par ailleurs été tuée dans la nuit dans des heurts avec l'armée israélienne près de Jéricho, portant à 84 le nombre de morts palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé.
Vendredi, deux premiers otages, une mère et sa fille américaines, Judith et Natalie Raanan, ont été relâchées après une médiation du Qatar, réputé proche du Hamas. Le Hamas détient encore plus de 200 otages.
« Sommet pour la paix »
Les efforts diplomatiques s'intensifient aussi pour tenter d'éviter un embrasement régional. L'Egypte, grande puissance régionale et premier pays arabe à avoir reconnu l'Etat d'Israël, accueille samedi au Caire un « sommet pour la paix ». Le patron de l'ONU y participera, ainsi que les dirigeants européens Charles Michel et Josep Borrell au côté notamment du roi de Jordanie Abdallah II, du président de l'Autorité palestinien Mahmoud Abbas et de nombreux chefs de diplomatie, mais sans dirigeant américain.
Le président américain, Joe Biden, a estimé vendredi que le Hamas avait déclenché la guerre pour torpiller le rapprochement entre Israël et l'Arabie saoudite, poids lourd du Moyen-Orient. Ryad a annoncé le 14 octobre qu'il suspendait les négociations sur cette possible normalisation.
La colère gronde dans les pays arabes et musulmans, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi en solidarité avec les Palestiniens. En réaction, Israël a appelé samedi ses citoyens se trouvant en Egypte et en Jordanie à les quitter « le plus rapidement possible » en raison d'une « aggravation des manifestations contre Israël ». Rapporte La Tribune.