Interview exclusive accordée à Al Ain News avec le Dr. Mohamed Rachid Miloud : Une plongée dans l'histoire algérienne
Dans notre interview, le Dr. Mohamed Rachid Miloud partage comment ses traductions russes éclairent l'histoire algérienne et des figures comme l'Amir Abdelkader.
Une nouvelle ère de découvertes littéraires s'annonce avec la publication imminente par les Éditions Al-Wae de traductions d'ouvrages historiques rares, réalisées par le célèbre académicien algérien, le Dr. Mohamed Rachid Miloud. Ces traductions, issues de la langue russe, offrent une perspective unique et objective de l'histoire algérienne.
Le Dr nous explique comment ces livres éclairent notre compréhension de figures historiques, comme l'Amir Abdelkader, et offrent une perspective nouvelle sur les événements marquants du passé. Rejoignez-nous pour cette discussion enrichissante sur l'histoire, la culture et les défis contemporains de l'Algérie.
Bonjour, Dr. Miloud, merci de nous accorder cette interview. Vous allez bientôt publier des traductions d'ouvrages historiques russes sur l'Algérie. Qu'est-ce qui vous a motivé à entreprendre ce projet ?
Dr. Miloud : Bonjour, et merci de m'avoir invité. Ce projet est né de ma passion pour l’histoire algérienne et du constat que notre récit national est souvent unidimensionnel. Les ouvrages que je traduis offrent une perspective unique, souvent négligée dans la littérature historique algérienne. J'espère ainsi contribuer à une réévaluation de notre passé et à une meilleure compréhension de notre identité.
Parmi les livres à paraître, lequel vous tient le plus à cœur et pourquoi ?
Dr. Miloud : La biographie de l’Amir Abdelkader, écrite par Yuli Stepanovich Oganesian, est particulièrement significative pour moi. Ce livre ne se contente pas de relater des faits, mais plonge profondément dans les émotions et les conflits internes que l'Amir a dû affronter. Son récit, à la fois poignant et révélateur, fait écho à notre quête d'identité et de dignité nationale. À travers ses luttes, on voit les fondements d’une résistance qui continue d’inspirer les Algériens aujourd'hui.
Vous parlez de perspective différente. En quoi ces livres sont-ils différents des récits historiques traditionnels sur l'Algérie ?
Dr. Miloud : Ces ouvrages, écrits par des auteurs russes, présentent une vision objective, sans embellissement ni biais. Par exemple, le livre de Natalia Khemeliova sur l'État de l'Amir Abdelkader ne cherche pas à glorifier, mais à analyser les actions et les décisions de l'Amir dans un contexte complexe. Cela nous pousse à réfléchir sur des éléments cruciaux de notre histoire, comme la résistance au colonialisme et la construction de l'État moderne. Cela nous aide à déconstruire des mythes et à poser des questions essentielles sur notre passé.
Premier voyage russe documenté en Algérie (1776)
En 1776, le premier voyage russe documenté en Algérie a eu lieu et a été consigné dans un livre rare écrit par le général Kokovtsov. Publié pour la première fois en russe en 1787, cet ouvrage représente un document historique important qui illustre les expériences et les interactions culturelles entre la Russie et l'Algérie à cette époque. Ce livre a été sauvé de la disparition grâce à sa traduction, un défi considérable étant donné la différence entre la langue utilisée au XVIIIe siècle et le russe moderne, faisant de cette traduction un accomplissement linguistique et culturel remarquable.
En tant qu'auteur prolifique avec plus de soixante publications à votre actif, comment parvenez-vous à jongler entre différents domaines de recherche ?
Dr. Miloud : C'est un défi, mais ma passion pour l'écriture et la recherche est mon moteur. Chaque domaine, qu'il s'agisse de la linguistique, de l'histoire, de la technologie ou de la philosophie des sciences, offre une nouvelle perspective qui enrichit ma compréhension globale. J’aime l’idée que chaque discipline peut interagir et nourrir la réflexion sur des questions complexes. Cela me permet de rester curieux et d’aborder les sujets sous différents angles.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de la traduction de ces ouvrages, notamment en ce qui concerne les nuances culturelles et linguistiques ?
Dr. Miloud : La traduction de ces textes a été un processus délicat. Il s'agit non seulement de traduire des mots, mais aussi de transmettre des concepts culturels et historiques qui peuvent ne pas avoir d'équivalent direct en arabe ou en français. Parfois, des expressions ou des idées nécessitent une adaptation pour être comprises dans le contexte algérien. J'ai dû m'assurer que chaque passage restait fidèle à l'esprit de l'auteur tout en résonnant avec le public algérien.
Pour conclure, quel message aimeriez-vous adresser à vos lecteurs et au public algérien ?
Dr. Miloud : Je les encourage à explorer ces ouvrages avec un esprit ouvert et critique. L'histoire n'est pas figée ; elle évolue et se redéfinit constamment. Comprendre notre passé est essentiel pour construire un avenir meilleur. Je souhaite que ces publications incitent les lecteurs à engager des discussions sur notre histoire, à poser des questions et à chercher des réponses ensemble. C'est par le dialogue que nous pourrons vraiment avancer.
Merci, Dr. Miloud, pour ces précieuses réflexions. Nous avons hâte de découvrir vos traductions et d'approfondir notre compréhension de l'histoire algérienne.
Dr. Miloud : Merci à vous. C'est un plaisir d'échanger sur ces sujets qui me tiennent à cœur. J'espère que ces livres susciteront un intérêt renouvelé pour notre histoire collective et encourageront une réflexion critique et constructive.