La Russie rejette les propositions de l’équipe de Donald Trump sur l’Ukraine : Sergueï Lavrov exprime son mécontentement
La Russie a clairement exprimé son insatisfaction à l’égard des propositions faites par l’équipe du président élu Donald Trump concernant l’Ukraine, une question qui reste au cœur des tensions entre Moscou et Washington.
Dans une interview accordée à l’agence de presse TASS le 29 décembre 2024, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a critiqué des propositions qu’il juge non seulement inappropriées mais aussi défavorables aux intérêts russes.
Sergueï Lavrov a particulièrement désapprouvé la suggestion de repousser l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de 20 ans, ainsi que l’idée de déployer un contingent de maintien de la paix composé de forces britanniques et européennes en Ukraine.
Ces propositions ont été évoquées par des membres de l’équipe de Donald Trump, sur la base d'informations provenant de fuites et de l’interview de Trump dans le Time Magazine le 12 décembre 2024.
Dans cette interview, Trump proposait de "geler" les hostilités dans le conflit ukrainien, tout en transférant à l’Europe la responsabilité de gérer la confrontation avec la Russie, ce qui, selon Sergueï Lavrov, ne fait qu’ajouter de la complexité à une situation déjà tendue.
Le ministre russe a affirmé que la Russie n’accepte pas l’idée de voir un pays voisin intégrer l’OTAN, une organisation qu’elle considère comme une menace à sa sécurité nationale.
De plus, Sergueï Lavrov a exprimé de vives réserves concernant l’introduction de forces de maintien de la paix européennes et britanniques en Ukraine, soulignant qu’il s’agirait d’une nouvelle forme d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain, une intervention qui pourrait aggraver encore les tensions en Ukraine et déstabiliser la région.
Les implications de la proposition de Trump pour la Russie
Pour la Russie, l'adhésion de l'Ukraine à l’OTAN constitue un point de discorde majeur avec les États-Unis et l'Occident. Moscou voit dans cette extension de l'OTAN à l'Est un défi à sa sphère d'influence traditionnelle et une menace à sa sécurité nationale.
En repoussant l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de 20 ans, l’équipe de Donald Trump semble proposer un compromis qui pourrait atténuer les tensions à court terme, mais qui ne fait qu’enfoncer davantage la Russie dans sa position de méfiance vis-à-vis de l’alliance militaire. Pour Sergueï Lavrov, ce compromis n'est pas suffisant et ne répond pas aux préoccupations fondamentales de Moscou en matière de sécurité.
Sergueï Lavrov a également mis en lumière la manière dont ces propositions dépeignent la situation en Ukraine comme un conflit régional qu’il serait possible de "geler" en attendant une solution.
Cependant, la Russie est consciente que la réalité sur le terrain est bien plus complexe et que toute solution durable nécessiterait un dialogue direct avec les autorités ukrainiennes, ce qui, selon Moscou, est impossible tant que l’Ukraine reste sous l'influence des États-Unis et de l’OTAN. Sergueï Lavrov a insisté sur le fait que de telles propositions ne feront qu’étendre la guerre par procuration en Ukraine et n'apporteront pas de solutions à la stabilité de la région.
Absence de signaux officiels de la part des États-Unis
Malgré ces désaccords, Sergueï Lavrov a précisé que, pour le moment, Moscou n’a reçu aucun signal officiel de la part des États-Unis concernant un règlement en Ukraine. Selon lui, jusqu’au 20 janvier 2025, date de l’investiture de Donald Trump, l'administration en place, dirigée par Barack Obama, est toujours responsable de la politique étrangère américaine.
Cela signifie que, pour l’instant, toute politique américaine relative à la Russie ou à l’Ukraine demeure entre les mains de l’administration sortante. Sergueï Lavrov a ainsi mis en garde contre la possibilité que des décisions prises par Donald Trump avant son investiture soient mal interprétées ou prises dans un contexte de transition politique.
Sergueï Lavrov a également souligné que les relations entre la Russie et les États-Unis étaient pour l’instant limitées à des contacts ponctuels. Il a noté que des discussions avaient lieu occasionnellement entre responsables russes et américains, mais qu'aucune négociation formelle sur la question ukrainienne n’avait encore eu lieu dans ces échanges.
Pour le ministre russe, il est impératif que les États-Unis clarifient leur position officielle sur l'Ukraine avant de poursuivre tout dialogue substantiel sur ce dossier.
Les tensions croissantes et la position de Moscou
Cette critique des propositions de Donald Trump intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la Russie et l'Occident. Depuis le début du conflit en Ukraine en 2014, la Russie s'est retrouvée en désaccord avec les politiques occidentales, notamment les sanctions économiques imposées par l’UE et les États-Unis en raison de son implication en Ukraine.
L’Ukraine, de son côté, cherche à se rapprocher de l'OTAN et de l’UE, une démarche soutenue par l'Occident, mais qui est perçue par la Russie comme une menace directe à ses intérêts géopolitiques.
De fait, Moscou continue de défendre l’idée d’un règlement négocié du conflit ukrainien, impliquant les parties prenantes locales, sans l’intervention de puissances extérieures.
Le gouvernement russe considère que toute solution durable doit être basée sur un dialogue direct entre l'Ukraine, la Russie et les républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk, avec une attention particulière portée à la mise en œuvre des accords de Minsk, que la Russie considère comme la base de toute résolution du conflit. Mais pour ce faire, la Russie souhaite que l’Occident réduise son ingérence et cesse de soutenir l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est.
Olivier d’Auzon