Le « grand effacement » de la France en Afrique de l’Ouest
Dans son essai percutant intitulé "Emmanuel au Sahel", paru en mai 2024 chez Max Milo, la journaliste d’investigation Leslie Varenne offre une plongée sans concession dans le parcours d’Emmanuel Macron en Afrique depuis 2017.
À travers cette enquête approfondie, Leslie Varenne met en lumière les lacunes stratégiques, le manque de vision, et la méconnaissance flagrante des réalités africaines du président français.
Dans une déclaration inattendue devant ses ministres en janvier 2024, Emmanuel Macron a fait le constat alarmant de "l’effacement de la France". Cette constatation se vérifie de manière particulièrement frappante en Afrique de l’Ouest.
Depuis le coup d'État d'août 2023, le Niger a perdu son statut de bastion occidental, même auprès de ses anciens "alliés". La junte militaire a tissé des liens avec le Kremlin, tandis que l’Oncle Sam a des difficultés à appréhender les évolutions en cours dans la région.
Les États-Unis, désireux d'augmenter leur présence dans la région, ont rencontré une résistance « souveraine » de la part du Niger, refusant toute ingérence extérieure.
Cette dynamique a conduit à l'annulation d'un accord de coopération militaire avec les États-Unis, et à la perte de trois bases militaires américaines stratégiques.
Pendant ce temps, l'intérêt américain pour l'Afrique de l'Ouest s'intensifie, avec des pourparlers en cours pour le déploiement de drones militaires dans plusieurs pays de la région menacés par les groupes djihadistes. Cette initiative américaine intervient alors que la France envisage de réduire sa présence militaire dans ces mêmes pays.
Cette convergence d'événements soulève des questions sur la relation entre la France et les États-Unis en Afrique de l'Ouest. Pendant que Paris perd du terrain, Berlin et Rome suivent de près la politique de Washington, renforçant leur présence dans la région pour contrer les influences rivales.
L'initiative italienne de proposer un plan de 6 milliards de dollars pour renforcer les partenariats avec l'Afrique témoigne de cette tendance. Dans le même temps, le dernier sommet Afrique/France en 2021 a laissé des traces, illustrant les frustrations croissantes envers la France.
En janvier 2024, la représentante de l'Union européenne pour le Sahel, Emmanuela Claudia Del Re, a même pris une pique contre Emmanuel Macron, soulignant le "leadership" allemand dans la région.