Les chrétiens d’Alep oscillent entre espoir et méfiance après la chute du régime syrien
Parmi les 250 000 chrétiens qui vivaient à Alep avant le conflit déclenché en 2011, seuls 20 000 y résident encore aujourd’hui.
Ville martyre marquée par la destruction, Alep reste une cité riche de sa diversité culturelle et religieuse.
À l’approche de Noël, l’espoir renaît au sein de la communauté chrétienne, malgré des inquiétudes sur l’avenir.
Un Noël porteur d’espoir
Dans la cathédrale latine de Saint-François, les fidèles se rassemblent pour un Noël particulier. Le Père Bahjat témoigne de cet espoir renouvelé :
“Ce Noël est spécial. Après la libération du pays, nous entrevoyons un nouvel horizon.”
Le prêtre se montre optimiste, convaincu que les nouveaux dirigeants souhaitent préserver la diversité d’Alep.
“Ils veulent collaborer avec nous, et non pas simplement nous tolérer”, assure-t-il.
Les autorités locales ont multiplié les rencontres avec les représentants des différentes confessions, affirmant leur volonté de permettre aux communautés de vivre leur foi librement.
“Ils nous ont promis que nous pourrions continuer à célébrer nos messes normalement, sans obstacle”, rapporte le frère mariste Georges Sabe.
Entre précaution et vigilance
Cependant, cette confiance s’accompagne d’une prudence partagée par de nombreux habitants.
“Pour l’instant, ils sont observés par le monde entier. Mais une fois que l’attention internationale se détournera, que se passera-t-il ?”, s’interroge Leïla en sortant de la cathédrale.
Marwann, un pharmacien retraité, exprime ses craintes quant à l’avenir de la diversité qui faisait la richesse de sa ville.
“Les minorités représentaient un quart de la population d’Alep. Aujourd’hui, elles sont à peine 1 ou 2%.”
Dans un café arménien décoré pour Noël, Nazar Kermezian, le propriétaire, reste lui aussi sur ses gardes. Bien qu’on lui ait assuré qu’il pouvait continuer à servir ses clients sans discrimination, il a pris la décision de ne plus proposer d’alcool, par précaution.
“Les nouveaux responsables affirment vouloir travailler pour le bien de tout le peuple syrien, sans distinction entre chrétiens, musulmans ou arméniens. Mais nous surveillerons leurs actes plus que leurs paroles”, conclut-il.
Malgré un climat de méfiance, les habitants d’Alep espèrent que les promesses de vivre-ensemble se concrétiseront, permettant à leur ville de retrouver sa diversité et sa vitalité d’autrefois.