Les Connexions Mondiales du Terrorisme Sahélien : Un Lien complexes entre Information et Finance
Le terrorisme dans le Sahel intégré dans des réseaux mondiaux sophistiqués d’information et de finance.
Au Sahel, la croissance des organisations criminelles et terroristes à exploiter la diffusion mondiale des réseaux sophistiquées d’information et de finances.
En Afrique de manière générale, l'impact de la criminalité est profond car elle dépouille les institutions de l'Etat,estime Tewfik Hamel, chercheur associé au Centre National des Arts et Métiers CNAM, dans une interview accordée à Al Ain News.
Comment voyez -vous le futur proche de ces activités terroristes dans la région ? Sont-elles en déclin ou en augmentation ? Quel est leur avenir ?
Le véritable problème est la fragilité des Etats au Sahel et les interventions étrangères. Le terrorisme et les autres formes de violence en sont des conséquences. Par exemples, l’Afrique est-elle plus stable après la création d’Africom en 2008 ? Qu’a fait Africom depuis sa création ?Comment concevons-nous que les conditions de la fragilité de l'État sont un élément crucial pour notre capacité à façonner des stratégies efficaces en termes de réponse ?Sous cet angle, il en ressort de la géographie à la démographie en passant par la stabilité politico-économique, la situation de la région de Sahel connaitra davantage d’insécurité de tout genre. La crise de Covid-19 a sensiblement affaibli les Etats du Sahel sur le plan politique et économique. Le retour des rivalités entre les grandes puissances aura des répliques qui s’étendront en Afrique sous forme de guerre par procuration en particulier dans les Etats multiethniques qui seront en proie à des guerres civiles.
Plus inquiétant encore, est l’habileté croissante des organisations criminelles et terroristes à exploiter la diffusion mondiale des réseaux sophistiquées d’information et de finances. Ainsi, les organisations et les réseaux basés en Amérique du Nord, Europe, Amérique, au Moyen-Orient, en Asie, etc. élargissent l'échelle et la portée de leurs activités. Ils formeront des alliances lâches les uns avec les autres, avec de petits criminels, et avec des insurgés pour des opérations spécifiques. Ils vont corrompre des dirigeants d’Etats instables économiquement fragiles ou faillis, s’insinuer dans les banques et les entreprises en difficulté, et coopérer avec les mouvements politiques insurgés pour contrôler les zones géographiques importantes.
L'intersection des réseaux criminels et des organisations terroristes peut être largement regroupés en trois catégories ; la coexistence (occuper et opérer dans le même espace géographique en même temps) ; la coopération (décider que leurs intérêts mutuels sont servis en travaillant temporairement ensemble ou gravement menacés s’ils ne le font pas) ; et la convergence (chacun commence à adopter les comportements qui sont le plus souvent associé à l'autre). Le plus inquiétant étant ici la prolifération à travers le monde de croisement en même temps de ces trois tendances.
En Afrique, l'impact de la criminalité est profond car elle dépouille les institutions de l'Etat, menace la sécurité humaine, et accroît les difficultés pour les voyageurs et les opérateurs économiques. La présence d'éléments illégaux très actifs soumet ainsi la région à un périlleux régime de conflits civils et d'activités terroristes et/ou criminelles. Toute future stratégie régionale de sécurité devant donc intégrer cette dernière dimension.
Dans les circonstances actuelles, la politique de certains de pays de l’Otan ressemble à l’action de lancer un énorme rocher dans un bassin profond et sombre, et nous ne pouvons pas être sûrs où les rides vont se propager ou quelles créatures peuvent y sortir. L’intervention en Libye en est le meilleur exemple dont les effets affectent l’ensemble de la région. Comme une conséquence directe, la situation au Mali demeure une véritable poudrière. Au niveau régional, la crise malienne et les afflux d’armes en prévenance de la Libye nourrissent la formation de réseaux terroristes de l’Afrique à l’Asie, la relocalisation du terrorisme vers l’Afrique.
En effet, les récentes expériences montrent que la guerre est l’art de gouverner de l’Amérique mais sans pour autant reproduire l’expérience afghane ou irakienne comme le montre les exemples syrien et libyen. De nombreuses raisons expliquent pourquoi les interventions militaires ne s’arrêtent pas. Les perceptions de la guerre contre le terrorisme situent généralement les opérations militaires dirigées par les États-Unis au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Ce compte, rendu populaire, est marqué par des frappes de drones au Yémen et au Pakistan, des raids antiterroristes des forces spéciales et les guerres à grande échelle en Afghanistan et en Irak. La lutte contre le terrorisme ne fixe aucune limite conceptuelle ou territoriale à la défense, étendant ses problèmes jusqu'à l'unité spatiale ultime - la terre - tout en faisant appel à des ressources illimitées.
Les difficultés financières des Etats occidentaux (austérité et réduction de dépenses publiques) encouragent des stratégies moins coûteuses et donc plus attrayantes pour les décideurs politiques en quête de solutions techniques abordables à des problèmes difficiles et complexes. Les problèmes de sécurité émergents favorisent la pratique d’assassinat ciblé ; considérez la piraterie en Somalie. Si la situation se détériore, un programme d'assassinat ciblé systémique pourrait devenir plus attrayant qu'une intervention et/ou occupation prolongée, surtout compte tenu des souvenirs et échecs récents et du rééquilibrage vers l’Asie. Après une décennie de COIN, les États-Unis ne peuvent plus se permettre de telles missions. Les Etats de la région notamment de la région doivent fournir davantage d’efforts notamment en mobilisant davantage les partenaires internationaux qui pourraient fournir une assistance mieux adaptée en matière de renseignement, d'appui aérien et de formation.
Paradoxalement, une solution à la crise actuelle en Libye pourrait augmenter le trafic d'armes vers les pays du Sahel. Les nouveaux flux d'armes en provenance de Libye ne sont pas aussi importants que ceux qui ont précédé la deuxième guerre civile du pays (2014-2020), qui s'est terminée par un cessez-le-feu en octobre 2020. Cependant, une solution à la crise actuelle en Libye pourrait augmenter le trafic vers les pays voisins à mesure que les besoins locaux en armes diminuent. L'excédent d'armes et de munitions accumulé pendant la guerre civile de 2014-2020 pourrait alimenter les réseaux de trafic et être transporté via le Niger vers les pays du Sahel, du bassin du lac Tchad et des régions d'Afrique de l'Ouest. Cela alimenterait divers groupes armés non étatiques et augmenterait l'instabilité régionale.