Macron sous pression : Alger transmet une liste de biens historiques à restituer
Alger a transmis à Paris une liste de biens historiques à restituer lors de la cinquième réunion de la commission d'historiens franco-algérienne, dédiée à la période de colonisation française.
Cette démarche, annoncée le lundi 27 mai, marque une nouvelle étape dans la gestion des enjeux mémoriels entre les deux nations.
Lors de cette réunion, qui s'est tenue la semaine passée au Centre des archives nationales à Alger, la partie algérienne a présenté une liste ouverte de biens historiques et symboliques datant du XIXe siècle. Ces objets, conservés dans diverses institutions françaises, sont proposés à la restitution sous forme de gestes symboliques, selon un communiqué transmis à l'AFP.
La commission mixte algérienne a également invité ses homologues français à exprimer leurs préoccupations concernant la restitution de biens culturels, archivistiques et autres. "La mise en œuvre d'actions tangibles concrétisera la volonté active et forte de prendre en compte toutes les dimensions de l'histoire de la période coloniale", précise le communiqué. Les historiens français ont affirmé qu'ils transmettront cette liste au président Emmanuel Macron, afin d'accélérer le retour de ces biens en Algérie.
Cette question des enjeux mémoriels est au cœur des préoccupations d'Alger. Le 7 mai, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a souligné l'importance d'un traitement audacieux de ce dossier lors de la commémoration des massacres de Sétif du 8 mai 1945. "Le dossier de la mémoire ne saurait faire l'objet de concessions ni de compromis, et restera au cœur de nos préoccupations jusqu'à son traitement objectif, audacieux et équitable envers la vérité historique", a-t-il déclaré.
En décembre dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a critiqué le refus des autorités françaises de restituer des objets emblématiques tels que le burnous et l'épée de l'émir Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française. Ce différend mémoriel a même conduit au report de la visite d'État du président Tebboune en France.
La création de cette commission mixte, composée de dix membres, avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Elle vise à examiner conjointement la période historique s'étendant du début de la colonisation française en 1830 jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance en 1962. La prochaine réunion de la commission est prévue en juillet en France.