Mali : un afflux de plus de 118 000 réfugiés burkinabè et nigériens face à une urgence humanitaire

Alors que le Mali consolide son rôle au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), il fait face à une crise humanitaire de grande ampleur.
Plus de 118 000 réfugiés burkinabè et nigériens ont franchi ses frontières, fuyant l’insécurité et les exactions des groupes armés terroristes dans leur pays d’origine. Cet afflux massif met à rude épreuve les capacités d’accueil du pays et soulève des questions sur la gestion des migrations dans la région sahélienne.
Une crise qui s’aggrave, un exode forcé
Les conflits persistants au Burkina Faso et au Niger ont contraint des milliers de familles à l’exil, les plongeant dans une précarité grandissante. En quête de sécurité, ces réfugiés se sont installés principalement dans les régions de Gao, Ségou, Mopti et Tombouctou, déjà fragilisées par l’instabilité sécuritaire. D’après le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 63 000 d’entre eux restent non enregistrés, faute d’un accès suffisant aux dispositifs administratifs et humanitaires.
Les chiffres montrent que 79 % des réfugiés sont d’origine burkinabè et 21 % nigérienne. Leur arrivée massive accentue la pression sur les infrastructures locales, rendant urgente une réponse humanitaire adaptée.
Un défi humanitaire dans un contexte politique délicat
L’arrivée de ces réfugiés coïncide avec une période de transition politique pour le Mali, qui cherche à redéfinir son avenir au sein de l’AES. Aux côtés du Niger et du Burkina Faso, Bamako promeut une souveraineté régionale renforcée, mais cette crise met en lumière les vulnérabilités des États sahéliens face aux conflits asymétriques.
Si les autorités maliennes, en collaboration avec l’UNHCR, ont pu enregistrer une partie des déplacés, les défis restent immenses : accès au logement, sécurité alimentaire, soins de santé et éducation. Des besoins fondamentaux qui nécessitent une mobilisation immédiate.
Vers une politique sahélienne commune sur les réfugiés ?
La crise migratoire actuelle soulève une question centrale : comment l’AES peut-elle apporter une réponse collective et efficace ? Le paradoxe est frappant : tandis que le Mali devient le principal pays d’accueil, le Burkina Faso et le Niger, eux-mêmes membres de l’alliance, voient leurs citoyens fuir en masse.
Face à cette situation critique, la Confédération des États du Sahel doit-elle élaborer une politique commune en matière de gestion des réfugiés ? Pour s’imposer comme un bloc régional solide, l’AES ne peut ignorer cette urgence qui met à l’épreuve sa cohésion et sa capacité à protéger ses populations. L’heure est aux décisions fortes.