UNE NOUVELLE EXPLOSIVE : “La présidentielle sénégalaise a été annulée et non reportée”
Le Sénégal est confronté à une crise politique alors que ses 7 millions d’électeurs devaient voter le 25 février.
Faisant jusqu’ici figure de démocratie modèle dans une région soumise aux putschs à répétition, le Sénégal est entré dans une phase de turbulences inédite alors que ses 7 millions d’électeurs s’apprêtaient à se rendre aux urnes le 25 février.
Sur fond de crise institutionnelle encore larvée entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, et alors qu’une alliance inattendue entre le camp présidentiel et le Parti démocratique sénégalais (PDS) a abouti à une annulation pure et simple du scrutin, dont le processus sera intégralement réinitialisé, le président Macky Sall se retrouve sur la sellette ainsi que son candidat et Premier ministre, Amadou Ba.
Selon l’analyse d’Étienne Smith, spécialiste de l’histoire politique sénégalaise et maître de conférences à Science Po Bordeaux, cet événement pourrait être considéré comme un coup d’État constitutionnel, défini comme un coup de force institutionnel en apparence respectueux des textes.
L’histoire du Sénégal indépendant compte deux épisodes similaires, notamment en 1962, lorsque le président Senghor a supprimé le poste de Premier ministre pour consolider son pouvoir. Aujourd’hui, Macky Sall, en supprimant également ce poste après sa réélection en 2019, suit cette même tendance à remodeler les institutions à son avantage.
L’alliance entre la majorité présidentielle et le PDS de Karim Wade a déclenché cette crise, offrant une majorité à l’Assemblée nationale pour des réformes constitutionnelles majeures. Cette décision remet en question les fondements démocratiques du pays.
Quant à la décision du président Macky Sall de ne pas se représenter et d’annuler l’élection présidentielle, elle suscite des interrogations sur d’éventuels retours en politique ou l’activation de l’article 52 de la Constitution conférant des pouvoirs exceptionnels.
Si l’on peut parler d’un simple report, la suppression potentielle du système des parrainages citoyens suggère une volonté de contrôler le processus électoral pour favoriser certains candidats.
L’apparent abandon du candidat Amadou Ba par son camp révèle des tensions internes et l’absence de leaders nationaux au sein du parti présidentiel. L’alliance entre l’APR et le PDS montre la nécessité de l’unité pour contrer l’émergence de nouvelles forces politiques, comme le Pastef.
Enfin, la dissolution de ce dernier et les mesures extrêmes adoptées par l’alliance APR-PDS illustrent les craintes du pouvoir face à une éventuelle victoire d’un candidat soutenu par l’ex-Pastef.
Ces événements sans précédent plongent le Sénégal dans une période d’incertitude politique et institutionnelle, remettant en question sa réputation de démocratie modèle en Afrique.