La reconnaissance faciale dans les aéroports européens : Entre avancées technologiques et préoccupations pour la vie privée
La reconnaissance faciale, une technologie en plein essor dans les aéroports européens, suscite un débat intense sur la protection de la vie privée et les libertés individuelles.
Des États-Unis à l'Allemagne en passant par la France, cette innovation se déploie à grande échelle, offrant des parcours "sans contact" aux voyageurs mais soulevant également des préoccupations quant à la surveillance biométrique.
En Europe, l'aéroport de Francfort en Allemagne se distingue en proposant depuis octobre 2023 une expérience de voyage novatrice sans contact, grâce à la reconnaissance faciale. Cette initiative, vantée par le PDG de Fraport, permet aux passagers de se passer de leur passeport traditionnel au profit d'un simple selfie enregistré via une application dédiée. Une fois enregistrée, cette photo devient le sésame du voyageur, lui permettant de franchir les différentes étapes de son parcours en scannant simplement son visage sur des bornes dédiées.
Cette avancée, saluée comme une révolution dans le secteur aéroportuaire, soulève néanmoins des inquiétudes quant à la protection des données personnelles et des libertés individuelles. Ella Jakubowska, directrice des politiques chez European Digital Rights, souligne que cette utilisation croissante de la reconnaissance faciale transforme les droits humains en marchandises, incitant les individus à échanger leurs données les plus sensibles contre des services.
En France, le déploiement de la reconnaissance faciale dans les aéroports suscite également des interrogations. Alors que cette technologie était jusqu'ici réservée aux "sas Parafe", des portiques comparant le visage du voyageur à la photographie de son passeport numérique, elle intéresse désormais de plus en plus pour fluidifier les parcours. Des initiatives telles que le système "Mona" testé à Lyon Aéroport depuis 2020 par Vinci Airports ou le programme "Fly to Gate" de Thales, déployé dans plusieurs aéroports à travers le monde, illustrent cette tendance.
Cependant, ces avancées ne font pas l'unanimité. Martin Drago, militant au sein de l'association La Quadrature du Net, met en garde contre la tendance à l'algorithmisation des espaces urbains, perçue comme une menace pour les libertés individuelles. De même, le Comité européen de la protection des données (CEDP) s'interroge sur l'utilisation de la reconnaissance faciale dans les aéroports, soulignant la nécessité de garantir une application cohérente de la législation sur la protection des données à l'échelle de l'Union européenne.
Malgré ces réserves, le secteur aérien poursuit son avancée vers une utilisation plus étendue de la reconnaissance faciale pour fluidifier les parcours des voyageurs. Si cette technologie offre un gain de temps et de praticité, elle soulève des questions cruciales quant à la protection de la vie privée et des libertés individuelles, posant ainsi les bases d'un débat sociétal majeur sur l'avenir de la surveillance biométrique dans les espaces publics.