Russie accuse l'Ukraine de préparer une « bombe sale »
Dans des entretiens téléphoniques menés avec plusieurs de ses homologues, le ministre russe de la Défense a fait part de "ses préoccupations liées à d'éventuelles provocations de la part de l'Ukraine avec recours à une 'bombe sale'".
Sergueï Choïgou a eu ce weekend de nombreux échanges téléphoniques sur le conflit en Ukraine, notamment avec ses homologues américain, français, britannique et turc.
Une activité diplomatique inhabituelle pour le général russe, à ce niveau d'intensité.
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En utilisant le terme de "bombe sale", le ministre russe réactive une peur récurrente depuis le début de l'ère nucléaire, et plus encore depuis les attaques du 11 septembre 2001.
Les groupes terroristes, au contraire d'un certain nombre d'États, n'ont pas accès aux technologies d'enrichissement de l'uranium qui permettraient de fabriquer une bombe atomique.
Ils pourraient en revanche se procurer clandestinement des matières radioactives, par exemple en mettant la main sur des déchets nucléaires, qui sont au cœur du principe d'une "bombe sale".
Appelée également "bombe radioactive", ou "dispositif de dispersion radiologique" (DDR), un tel engin serait en fait une bombe conventionnelle, mais entourée de matériaux radioactifs.
En se dispersant en poussière lors de l'explosion, ceux-ci auraient des effets radioactifs à long terme sur la région autour de l'impact, au-delà des dégâts directs occasionnés.
Des radiations directes, et la contamination des ressources vitales, rendraient alors la zone inhabitable pour une longue période.
Neutralisation d'une région à long terme, fuite de la population civile, effet de sidération, les effets tactiques d'un tel armement seraient proches de ceux obtenus par une bombe atomique- quand bien même le nombre de victimes directes resterait peu élevé.
Le concept de "bombe sale" est parfois étendu à tout explosif qui disséminerait des matières chimiques ou biologiques, avec le résultat d'une contamination de la zone géographique visée.
Si des armes chimiques ont déjà été utilisées dans le passé, notamment en Syrie, ce n'est jusqu'à présent pas le cas pour la "bombe radioactive" redoutée.
Plusieurs groupes terroristes sont soupçonnés d'avoir œuvré en vue de la fabrication d'une telle bombe, parvenant pour certains à se procurer le matériau radioactif nécessaire, mais aucun de ces projets n'a abouti à une explosion.
"Personne ne serait dupe" si Moscou faisait escalader le conflit en Ukraine en prenant prétexte de l'emploi par Kiev d'une "bombe sale", ont réagi ce lundi Paris, Londres et Washington, dans une déclaration commune de leurs chefs de la diplomatie.
Le camp occidental redoute que Moscou ne mène une attaque à la bombe sale sous faux drapeau, pour en accuser les forces ukrainiennes.
Un tel développement pourrait permettre à Moscou de justifier une escalade militaire, et l'éventuelle utilisation d'une arme nucléaire tactique en guise de ce qui serait alors présenté comme des représailles.
La Russie, au contraire d'un groupe terroriste, n'aurait en tout cas aucune difficulté à se procurer la matière radioactive nécessaire à la fabrication d'une "bombe sale".Nous rapporte TF1infos .