Au Sahel, la presse en danger...
La presse française notamment est refusée au Sahel
Dans un rapport dévoilé ce lundi, l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières déplore le net recul de la liberté de la presse dans la région entre 2013 et 2023.
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Analyse Le journalisme indépendant est en péril au Sahel. Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport, ce lundi 3 avril, sur les « menaces croissantes » qui pèsent sur la liberté d’informer dans cette région en proie à la violence des groupes armés et à la dérive autoritaire des régimes en place.
Le Sahel sera-t-il prochainement « la plus grande zone de non-information de l’Afrique » ? C’est ce que redoute Reporters sans frontières (RSF). Dans un rapport publié ce 3 avril, l’organisation non gouvernementale décrit des journalistes pris entre la violence des extrémistes et des groupes armés d’une part, et les restrictions, les pressions, les suspensions de médias et les expulsions de correspondants étrangers par les autorités d’autre part.
Le 2 avril, l’expulsion des correspondantes des quotidiens français Le Monde et Libération par la junte au pouvoir au Burkina Faso est venue obscurcir encore ce tableau. RSF rappelle également la suspension des médias français France 24 et Radio France internationale (RFI) au Mali et au Burkina Faso.
Cinq journalistes assassinés et six disparus
La presse locale et internationale fait face à une « dégradation constante » de ses conditions de travail depuis dix ans, dit ce document couvrant le Burkina Faso, le Mali – l’envoyé spécial de Jeune Afrique en avait été expulsé en février 2022 –, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, mais aussi le nord du Bénin, confronté à des défis sécuritaires similaires.
« Cinq journalistes ont été assassinés, et six autres ont été portés disparus entre 2013 et 2023 », dit le rapport, qui fait état de près de 120 journalistes arrêtés ou détenus pendant cette période, dont 72 rien qu’au Tchad.
Le document rend compte des attaques par les extrémistes et de la disparition des radios communautaires, très écoutées, parce qu’elles n’adhéraient pas à leur cause. De vastes étendues sont devenues inaccessibles aux journalistes parce que trop dangereuses. Les sources sont « terrifiées » par la possibilité de représailles des groupes armés, mais aussi des autorités.
Des sources « terrifiées »
Cette pression à l’encontre de la liberté de la presse est aussi exercé par les autorités locales. À peine arrivés à la tête de leur pays – aussi bien au Mali (Assimi Goïta), au Burkina Faso (Ibrahim Traoré), qu’au Tchad (Mahamat Idriss Déby Itno) –, les militaires ont cherché « à contrôler les médias au travers de mesures d’interdiction ou de restriction, voire d’attaques ou d’arrestations arbitraires ».
L’ONG évoque l’effet négatif joué, selon elle, par l’arrivée des mercenaires russes de Wagner au Mali. Avec l’expulsion ou le départ contraint des correspondants étrangers faute d’accréditations, le champ est laissé « libre aux médias favorables au narratif pro-russe défendant la présence des mercenaires de Wagner dans la région », ce qui contribue « à l’explosion de la désinformation ».
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Les pressions exercées sur la presse au nom d’un « traitement patriotique » de l’information favorisent « un journalisme aux ordres » et l’autocensure sur certains sujets sensibles comme Wagner ou les pertes infligées par les jihadistes. Elles alimentent aussi le cyberharcèlement contre les voix dissonantes, dit RSF.
RSF mentionne aussi la détérioration de la situation financière des médias, sous l’effet de la crise et de l’arrêt des subventions des États. Mais l’ONG laisse entrevoir quelques lueurs d’espoir, évoquant la copie miroir des sites de RFI et France 24 qu’elle a créée pour continuer à les capter. Elle cite aussi la création de modes différents de collecte de l’information et de partenariats entre médias, ainsi que le développement du fact checking. Rapporte Jeuneafrique