Sommet Espagne-France : les dossiers de la visite d'Emmanuel Macron à Barcelone
Le président français, Emmanuel Macron se déplacera jeudi à Barcelone pour le sommet bilatéral entre l'Espagne et la France.
Il signera avec le premier ministre, Pedro Sanchez, un traité historique d'amitié et de coopération renforcée. C'est la 2ème fois que la Catalogne accueille cette réunion au plus haut niveau entre les deux pays après le déplacement de Jacques Chirac en 2005.
C'est un rendez-vous important pour la France comme pour l'Espagne qui se déroulera au Musée national d'art de la Catalogne (MNAC). Un sommet pour "aller plus loin" entre les deux pays, indique l'Elysée avec à la clé la signature d'un traité d'amitié et de coopération qui portera le nom de traité de Barcelone, rapporte Franceinfo.
D'un côté, la France veut placer ses relations avec l'Espagne au même niveau que celles qu'elle entretient avec l'Allemagne et l'Italie.
De l'autre l'Espagne entend montrer à la France et à l'Europe entière que la crise catalane est terminée et qu'un retour à la normale est désormais enclenchée, cinq ans après la tentative avortée d'indépendance qui avait entraîné une crise institutionnelle inédite.
En graciant les prisonniers catalans et en supprimant le délit de sédition, remplacée par des "désordres publics aggravés" aux peines de prison plus courtes, Pedro Sanchez veut prouver que la société s'est apaisée et que l'heure n'est plus à l'affrontement.
Ce traité en préparation depuis des mois s'est un temps heurté aux divergences entre les deux capitales sur le dossier du MidCat, un projet de gazoduc passant par les Pyrénées et devant relier les réseaux gaziers français et espagnol que l'Espagne voulait relancer. Mais la France y était hostile.
A la place, les deux pays, ainsi que le Portugal, se sont entendus sur la construction d'un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille destiné au transport d'hydrogène qui devrait voir le jour en 2030.
C'est une des raisons pour lesquelles Pedro Sanchez a choisi la ville de Barcelone pour ce sommet afin de souligner l'importance stratégique du port de Barcelone dans la crise énergétique que traverse l'Europe.
Si un accord a été trouvé concernant ce projet d'interconnexion des énergies vertes, ce sommet sera l'occasion d'aborder d'autres sujets plus conflictuels. Au programme des discussions : les passages frontaliers fermés par Paris depuis deux ans dont la route très symbolique du col de Banyuls qui le resteront au grand dam de Madrid.
L'association Albères sans frontières qui lutte pour la réouverture de ce col organisera d'ailleurs une réunion publique à ce sujet le 20 janvier en présence notamment de l'eurodéputé Eric Andrieu qui défend le dossier au Parlement européen.
L'autre sujet qui sera évoqué lors de ce sommet, c'est le peu de liaisons ferroviaires entre Barcelone et la France qui cristallisent les rancoeurs des deux côtés de la frontières.
Pour les séparatistes proches de Carles Puigdemont, qui vit toujours en exil à Bruxelles, ce sommet est une provocation.
"Ici rien n'est terminé", c'est derrière ce slogan que les indépendantistes manifesteront le 19 janvier dès 9h au pied du Montjuic. Une mobilisation qui réunira toutes les sensibilités séparatistes y compris le parti de gauche indépendantiste d'ERC au pouvoir. Une présence qui a de quoi surprendre alors qu'au même moment, Père Aragones, Président de la Catalogne, assistera au sommet pendant que son parti manifestera contre.
Mais si une partie importante de la population souhaite toujours que la Catalogne devienne indépendante, Barcelone n'est plus un problème pour le reste du monde. En témoigne la venue récente de la Présidente de la commission européenne dans la capitale catalane et la réception de Père Aragones à Bruxelles.
Si Barcelone sera la capitale de l'amitié franco-espagnole le 19 janvier, les manifestants espèrent bien gâcher l’ambiance solennelle du sommet et démontrer que l’indépendantisme catalan bouge encore.