Tribunal : ouverture du procès de l'islamologue Tariq Ramadan, accusé de viol
La première confrontation publique entre Tariq Ramadan et l’une de ses accusatrices s’ouvre, lundi 15 mai, devant le tribunal correctionnel de Genève.
Selon l’acte d’accusation, l’islamologue se serait rendu coupable de viol « à trois reprises » et de « contrainte sexuelle » (fellation) durant la même nuit du 28 au 29 octobre 2008, dans un hôtel de Genève.
Il encourt de deux à dix ans de prison. Son procès a été ordonné par le parquet suisse, à la suite d’une plainte déposée en avril 2018.
La plaignante, R. A. D., surnommée « Brigitte » dans la presse, est une Suissesse convertie à l’islam, qui avait rencontré Tariq Ramadan dix ans plus tôt, lors d’une séance de dédicaces, puis d’une conférence.
Alors âgée d’une quarantaine d’années, cette mère de famille avait entretenu pendant quelques mois une correspondance sur MSN et Facebook avec lui, avant de le rejoindre, en octobre 2008, à l’hôtel où il séjournait.
Il aurait saisi un prétexte pour l’entraîner dans sa chambre et lui aurait fait subir des actes sexuels d’une très grande violence, accompagnés de gifles et d’insultes.
L’enquête suisse s’est ouverte à l’automne 2018, alors que Tariq Ramadan était en détention provisoire en France, dans le cadre de deux autres affaires de viol (il a été incarcéré pendant neuf mois, du 2 février au 15 novembre 2018).
Sa première audition par le procureur suisse Adrian Holloway, retardée tant par le confinement que par la lenteur de la coopération entre les deux pays, n’a eu lieu que deux ans plus tard, en juillet 2020, au palais de justice de Paris, le contrôle judiciaire imposé à l’islamologue après sa remise en liberté lui interdisant de quitter le territoire national.
En septembre, puis en octobre 2020, Tariq Ramadan a été confronté à la plaignante, toujours à Paris. Deux longues journées pendant lesquelles R. A. D. a maintenu ses accusations, Tariq Ramadan dénonçant des « mensonges » et des « affabulations ». Il n’a reconnu, pour sa part, que des « caresses consenties » et a produit pour sa défense des messages de son accusatrice avant et après leur rencontre à l’hôtel.
Selon l’une de ses avocates suisses, Me Yaël Hayat, cette confrontation avait aussi permis de révéler les « liens étroits » entretenus par la plaignante avec d’autres femmes mettant en cause son client. Des contacts qui, selon elle, traduisaient une volonté concertée de « mettre cet homme à terre ». Selon LeMonde.