Vidéo.. RDC, Gabon, Maroc… Sur le marché des minerais critiques, qui a le plus grand potentiel?
« Il n’y a aucune chance que la transition énergétique se fasse sans l’Afrique », déclarait en juin 2023 Robert Friedland, lors de la conférence The London Indaba.
Certes réputé pour son enthousiasme, le fondateur d’Ivanhoe Mines, groupe qui a découvert le gisement de cuivre géant de Kamoa-Kakula, en RDC, a néanmoins raison : l’Afrique regorge de ressources décisives pour une économie décarbonée.
La production africaine de métaux entrant dans la fabrication de batteries, panneaux solaires, éoliennes ou autres réseaux électriques a de quoi impressionner. La RDC est ainsi le premier producteur de cobalt, tandis que pour le platine et le manganèse, l’Afrique du Sud se trouve en pole position.
Dans son ensemble, le continent représente plus de la moitié de la production mondiale de ces trois minérais. Pour le graphite, le Mozambique est deuxième devant Madagascar (chiffres 2022), un statut de leader pour lequel la RDC est au coude-à-coude avec le Pérou pour le cuivre ; même situation entre la Guinée et la Chine pour la bauxite.
Le tout nouveau classement de Jeune Afrique (voir plus bas) nous enseigne que, dans chacun de ces pays africains, la production de ces ressources s’est inscrite en hausse entre 2017 et 2021 (dernière année pour laquelle l’ensemble des chiffres sont disponibles). Un élément essentiel pour accroître les revenus des États, mais, surtout, pour satisfaire une demande en minéraux de transition appelée à plus que doubler d’ici à 2030 – ce d’autant que la COP28 de Dubaï s’est conclue en décembre 2023 par un accord inédit visant une « transition hors des énergies fossiles ».
Ce classement évalue la capacité des pays africains à générer des revenus supplémentaires dans le secteur minier en analysant l’évolution de la production des minerais critiques et des recettes des États sur cinq ans. Ainsi, au Gabon, les volumes de manganèse extraits ont presque doublé sur la période examinée, s’accompagnant d’une croissance des revenus du secteur.
Le Zimbabwe et le Maroc, riches en divers métaux critiques, ont aussi prouvé leur capacité à en tirer des recettes. La Zambie reste pour sa part un acteur majeur du cuivre, bien qu’une baisse dans le secteur du cobalt lui
Qualités inexploitées
Le potentiel de l’Afrique, lui aussi, apparaît immense. Le Center for Strategic & International Studies (CSIS) estime que le continent détient 85 % des réserves de manganèse, 80 % de celles de platine et de chrome, 47 % de celles de cobalt ou encore de celles de 21 % du graphite. Graeme Train, directeur des études métaux et minerais chez le trader Trafigura, prévoit que « l’Afrique représentera 26 % de la production mondiale de lithium de roche dure [type de gisement à différencier des saumures sud-américaines] d’ici à 2030 ». Pour l’heure, seul le Zimbabwe produit des volumes significatifs de lithiummet, sans compter le Nigeria et plus récemment la Namibie, pays dont sont extraits des volumes marginaux. Mais, au cours des prochaines années, le Mali pourrait intégrer notre classement, et le Ghana y gagner quelques places grâce à leur potentiel dans cette même ressource.
L’entrée en production des projets de nickel de Kabanga en Tanzanie et d’Enterprise en Zambie devrait faire grimper la part de l’Afrique, ajoute Graeme Train. Avec de nouvelles mines, et donc des revenus supplémentaires, ces deux pays devraient voir leur place dans notre classement évoluer à l’avenir, ce qui pourrait, pour les mêmes raisons, être le cas également de la Namibie (graphite, cuivre, lithium, mais aussi manganèse) et du Botswana (cuivre, manganèse, nickel et cobalt, notamment), selon Jeune Afrique.