Accès du Sahel à l’Atlantique : le processus est lancé par Mohamed VI
L’initiative du Roi Mohamed VI lancée à Marrakech, à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche Verte, le 23 décembre 2023 vise à faciliter l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique.
Elle milite assurément pour la transformation économique de la région.
Force est de constater que ce projet a suscité l’adhésion des pays bénéficiaires à l’instar du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad.
Dans ce contexte, ce projet offre d'importantes opportunités pour la transformation économique de toute la région, et ce en accélérant la connectivité régionale, les flux commerciaux et la prospérité partagée dans la région du Sahel ».
En clair, il s’agit pour le Royaume chérifien de mettre à disposition des États du Sahel ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires pour renforcer leur participation au commerce international.
À la clef, une alliance économique, mais aussi géopolitique. Mieux de la promesse d’un tournant stratégique pour les pays du Sahel…
Le ministre marocain des Affaires étrangères Nacer Bourita indiqué que «l’initiative royale constitue le prolongement de l’attention particulière qu’accorde le roi à la région de Sahel», rapporte Al Ahdath Al Maghribia .
Cette Initiative reflète la philosophie de la Vision Royale, exprimée d’ailleurs à l’occasion du 29 ème sommet de l’Union Africaine, pour « l’émergence d’une nouvelle Afrique : une Afrique forte, une Afrique audacieuse qui prend en charge la défense de ses intérêts, une Afrique influente dans le concert des Nations ».
Pour le Roi du Maroc, le Sahel n’est pas –et n’a jamais été– une région comme une autre, encore moins une simple aire de transition entre l’Afrique du Nord et l’Afrique sub-Saharienne.
La seconde conviction de ce triptyque est que Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, a toujours cru au potentiel des pays du Sahel, a-t-il fait remarquer. « Là où beaucoup voient des problèmes, Sa Majesté le Roi voit des opportunités.
Là où d’aucuns parlent de désespoir, Sa Majesté le Roi décèle le potentiel et là où certains optent pour des solutions de facilité, Sa Majesté le Roi préconise les traitements de fonds pour développer des solutions réelles », a indiqué M. Nacer Bourita.
S’agissant des États du Sahel, le ministre des Affaires étrangères du Niger Bakary Yaou Sangaré a-t-il rendu hommage au roi Mohammed VI «qui n’a pas attendu que les pays du Sahel sollicitent la coopération du Royaume pour le faire car cette région a toujours figuré dans les politiques et les stratégies marocaines», précise Hassan Benadad pour le 360.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que le ministre nigérien a souligné que le Maroc est un partenaire efficace et essentiel qui respecte l’unité, la souveraineté et l’indépendance du Niger.
Pour sa part le ministre des Affaires étrangères de Burkina Faso, Karamoko Jean Marie Traoré, a insisté sur le fait que son pays «ne peut pas ignorer cette initiative louable qui lui ouvre un accès sur l’océan atlantique d’autant que son pays connait un grand isolement et un contexte économique difficile», indique Hassan Benadad pour le 360.
Quant à Abakar Kourma, directeur Afrique et intégration africaine du ministère des Affaires étrangères du Tchad, ce dernier n’a pas laissé passer l’occasion pour présenter ses vifs remerciements au roi Mohammed VI tout en insistant sur le respect du Maroc de la souveraineté des pays partenaires autant que le Royaume jouit d’une pleine souveraineté et de l’intangibilité de son intégrité territoriale.
Le représentant tchadien a par ailleurs exprimé son admiration pour le port de Dakhla dont «les experts et les techniciens qui le supervisent sont tous des Marocains». Ce qui constitue, ajoute-t-il, une source de fierté pour l’Afrique et le Maroc, commente Hassan Benadad pour le 360.
Pour concrétiser cette initiative, les ministres ont convenu de créer une Task Force nationale dans chaque pays afin de préparer et de proposer les modalités d’opérationnalisation. De plus, ils se sont engagés à finaliser les propositions à soumettre au Roi Mohammed VI et aux Chefs d’État des pays du Sahel.
Des task forces nationales seront bel et bien mises en place afin de parvenir à des plans de concrétisation de cette initiative ambitieuse.
Qu’on y songe, l’enjeu est de taille: resserrer les liens maritimes entre les États concernés afin de booster le commerce intra-africain qui demeure relativement faible. Un prélude pour une intégration régionale tant attendue.
Encore faut-il booster les infrastructures pour assurer la réussite de ce chantier d’envergure.
Qu’on y songe, l’initiative du Royaume chérifien, recèle assurément une dimension géopolitique.
On l’aura compris, l’objectif est « d’essayer de d'occuper autant que possible de la vacance géostratégique conséquente du retrait précipité des forces françaises du Burkina Faso, Niger, Mali. Donc, la nature a horreur du vide, le Maroc avait sa petite idée, à savoir récupérer ces pays », explique le chercheur Youssef Chiheb, Professeur de l'Université Sorbonne Paris Nord.
le Maroc avait la bénédiction, le feu vert tacite des Américains et des Européens pour pousser le centre de gravité de leur de l'Afrique vers l'Atlantique pure. D'autant plus que c'est dans cette partie de l'Atlantique où la richesse est très importante.
Et il y a plus, « Comme le monde aujourd'hui est en passe de s'orienter vers le Pacifique. L'Afrique n'a aucune chance géopolitique d'être présente, et peut être encore oubliée de ces mutations majeures, donc il reste l'Atlantique. On revient aux fondamentaux.
L'Atlantique intéresse peu ou plus les Américains et les Européens, donc le Maroc profite de l'occasion pour présenter donc ces 3 principes : à savoir (…) ; la coalition des pays africains francophone maritime pour s'orienter vers le commerce sur l'Atlantique ; et puis le déploiement d'une technologie nouvelle d'usine de dessalement pour pouvoir donc mettre à disposition de l'Afrique son besoin le plus vital dans les 20 prochaines années, qui sera long », conclut Youssef Chiheb.