BRICS : Le monde se reconstruit… Quels enjeux pour le 15e sommet ?
Aspirations des BRICS… Assistons-nous à un tournant dans l’histoire humaine ?
Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud… Les cinq pays des Brics se réunissent à Johannesburg pour leur 15e sommet, une première depuis le Covid-19. Les Brics plaident ensemble pour un rééquilibrage politique et économique face à un ordre international que ces pays jugent dominé par l'Occident. Voici les objectifs des dirigeants qui se retrouvent à partir de ce mardi 22 août en Afrique du Sud.
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Impossible d'ignorer l’événement. Ce quinzième sommet des Brics s’affiche dès l’aéroport de Johannesburg et dans les rues de la ville avec un slogan en forme de programme évoquant à la fois les Brics et l’Afrique, une croissance accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif.
Au-delà de ces formules, il y a une revendication commune au Brésil, à la Russie, à l’Inde, à la Chine et l’Afrique du Sud, dont les noms forment l’acronyme Brics : tous ces pays contestent un ordre politique et économique dominé par l’Occident. Cela ne veut pas dire que les cinq pays sont d’accord sur tout, notamment sur leur possible élargissement, dont il sera question durant ce sommet.
La Chine affirme son influence
De tout cela, les participants vont parler ici pendant trois jours, avec en parallèle une séquence bilatérale. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa doit recevoir son homologue chinois, Xi Jinping.
Les deux pays se connaissent bien, car c'est en Chine que l'entrée de l'Afrique du Sud a été officialisée. Xi Jinping va aussi coprésider le dialogue des dirigeants Chine-Afrique en marge du sommet, avec de nombreux pays qui frappent à la porte des Brics. « La Chine continuera à œuvrer en faveur de progrès substantiels dans l'adhésion de l'Union africaine au G20 cette année, et espère que les pays africains et l'UA joueront un rôle plus important dans les affaires internationales et régionales », écrit encore le numéro un chinois dans sa tribune.
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Pékin porte également le projet de commerce dans les monnaies locales et d’une substitution du yuan au dollar, même si cela prendra également du temps. La NBD n’est pas en mesure de concurrencer les institutions financières internationales, mais elle pourrait annoncer à l’occasion du sommet une augmentation des prêts dans les monnaies locales. Une démonstration d’indépendance par rapport à l’Occident qui passe aussi par un développement des échanges.
Dans sa compétition tendue avec les États-Unis, Xi Jinping veut afficher ses liens avec ses partenaires des Brics, tout comme avec les dizaines de pays qui souhaiteraient rejoindre le groupe.
Une rencontre entre la Chine et l'Inde
Pour l’Inde, ce sommet illustre parfaitement sa politique de « multi-alignement ». Le Premier ministre Narendra Modi a renforcé les liens de l’Inde avec les États-Unis et avec la France lors de ses récents déplacements. Le voici cette semaine à Johannesburg en figure de proue de ce qu’on appelle le « Sud global », où il doit rencontrer le président chinois.
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Il faut dire que les sujets de discussions et de dissensions ne manquent pas, avec trois questions majeures, selon Kanti Bajpai, politologue spécialiste de la relation Inde-Chine : « Premièrement, la vingtaine de pays candidats à rejoindre les Brics. La Chine soutient un groupe large contre l'Occident, mais certains sont des ennemis de l’Inde. Deuxièmement, l’idée d’une monnaie commune pour ces pays, en tout cas d’une réponse face à la toute-puissance du dollar. Enfin, les relations, complexes, entre l’Inde et la Chine. »
Durant leur dernière et brève rencontre à Bali en novembre 2022, Narendra Modi et Xi Jinping se sont engagés à stabiliser leur dispute frontalière dans l’Himalaya et restaurer des échanges bilatéraux. Kanti Bajpai appelle cependant à un optimisme prudent : « Il ne faut pas s’attendre à des avancées majeures sur ces sujets. Mais il est important pour les deux dirigeants du Sud global de s’afficher côte à côte et peut-être de faire une déclaration conjointe. »
Absence de Vladimir Poutine
Cette rencontre sera marquée par l'absence d'un homme : Vladimir Poutine. Le président russe s’exprimera en visioconférence. Il n’a pas fait le déplacement à Johannesburg, car il risque une arrestation à cause d'un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à la suite de la guerre qu'il a lancée en Ukraine. Il y a cependant une recherche de soutien de la Russie, qui veut montrer qu’elle n’est pas isolée. Aucun pays des Brics n’a condamné lla guerre russe en Ukraine.
Et puis il y a l’Afrique du Sud, qui accueille ce sommet, qui cherche également à étendre son influence. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a voulu faire de ce moment un rendez-vous pour tout le continent en invitant plusieurs dizaines de pays africains.
Du côté des participants africains à ce sommet, Cyril Ramaphosa a annoncé que 30 leaders étaient attendus, sans dévoiler de liste. Une chose est sûre : l’Algérie, la République démocratique du Congo, le Nigeria et le Cameroun n’ont pas dépêché sur place leur président, rapporte notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès.
Après des échanges ce mardi 22 août autour des relations commerciales intra-Brics, les quatre leaders du groupe se retireront dans un lieu huppé de la ville, pour se retrouver à huis clos. Le plus gros de la rencontre devrait se dérouler mercredi, avec, parmi les dossiers à aborder, la question de l’élargissement.
Quant au Brésil, il aimerait voir se concrétiser la monnaie des Brics, qui permettrait aux pays émergents de s’affranchir du dollar. Le président brésilien Lula milite également pour une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. Rapporte Rfi.