Cop 28 : Une cop déterminante face à l’urgence climatique ?
Alors que la COP28 s'apprête à ouvrir ses portes demain à Dubaï, les interrogations subsistent quant aux avancées significatives qui pourraient en découler, comme le souligne Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité Europe (IPSE).
La COP28, en dépit des défis et des tensions géopolitiques, suscite l'espoir quant aux avancées positives qu'elle pourrait engendrer pour le climat mondial. La conférence offre une plateforme cruciale pour discuter et mettre en œuvre des solutions novatrices afin de faire face aux défis climatiques actuels.
Néanmoins, celle-ci s’ouvre avec son lot de d’interrogations. "Je ne pense pas qu'il y aura de grandes avancées ou de grands accords signés aux sortir de cette Cop28. Tout d’abord parce que les précédentes Cop n’ont pas montré leur capacité à fournir de manière concrète un certain nombre de réalisations, même si sur le papier, elles s’y sont attelées. Les objectifs fixés aux précédentes Cop ont été largement dépassés," affirme-t-il, mettant en lumière la déception persistante quant à la mise en œuvre effective des accords climatiques antérieurs.
Malgré les multiples efforts et ambitions déployés par la communauté internationale au fil des COP, une réalité persiste : "Le gaz à effet de serre continue de polluer l'atmosphère." Cette constatation, bien que préoccupante, souligne les défis persistants auxquels les nations sont confrontées dans leur lutte collective contre le changement climatique.
Un exemple frappant de la déconnexion entre les engagements promis et leur réalisation concrète se manifeste dans le financement destiné à aider les pays en développement à faire face aux conséquences du changement climatique. "Lors de la Cop 16 à Cancun en 2010, 100 milliards de dollars étaient prévus pour cette cause : 13 ans plus tard, ces 100 milliards n’ont toujours pas été totalement versés. Nous en sommes péniblement aux alentours de 80 milliards." Ce chiffre révélateur souligne la lenteur et le manque d'engagement dans la concrétisation des promesses financières cruciales.
Les promesses passées, telles que celles faites à Kyoto en 1997, révèlent également des lacunes importantes. "Malgré les engagements pris à Kyoto en 1997, on voit bien qu’un certain nombre d’États n’ont pas atteint l’objectif de réduction de 5% des gaz à effet de serre, et certains l’ont même dépassé, argumentant leur volonté de placer leur économie dans une stratégie de développement accéléré. C’est notamment le cas des pays africains." Cela souligne l'absence de sanctions significatives pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements, compromettant ainsi la crédibilité des accords climatiques.
Cette COP28 pourrait toutefois stimuler l'innovation technologique dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Des investissements accrus dans ces secteurs pourraient accélérer la transition mondiale vers des sources d'énergie plus propres et durables.
La conférence aura également pour objectif de renforcer la coopération internationale, encourageant les nations à travailler de concert pour résoudre les problèmes climatiques. Des partenariats solides entre pays pourraient émerger, facilitant la mise en œuvre d'initiatives conjointes et le partage des meilleures pratiques.
Quant au choix de Dubaï en tant qu'hôte de la COP28, des voix critiques s'élèvent. "Dubaï est sûrement un acteur qui ne porte la plus grande légitimité pour accueillir cette Cop, même si les Émirats fournissent des efforts substantiels en matière de moindre dépendance aux hydrocarbures." Cette observation souligne la complexité des alliances géopolitiques et des intérêts nationaux qui peuvent influencer les dynamiques au sein de la conférence.
Cop28: l’ambition climatique à l’épreuve des fractures nord-sud
En dépit des bonnes intentions affichées, une perception persiste selon laquelle cette COP est davantage une "cop diplomatique plus qu’une cop d’action écologique." Les préoccupations demeurent quant à la véritable volonté des nations de traduire les paroles en actions concrètes en faveur de l'environnement. "Ça joue, même si pendant 15 jours de Cop, on parlera surtout d’environnement et de climat." Cela souligne l'écart potentiel entre les discours diplomatiques et les actions réelles en matière de lutte contre le changement climatique.
Ainsi, alors que la COP28 débute, elle se trouve confrontée à des défis substantiels, alimentés par des dissensions internationales persistantes qui entravent la réalisation d'accords contraignants sur le climat, un sujet pourtant consensuel au niveau mondial.