Crise politique en Corée du Sud : Yoon Suk-yeol résiste à son arrestation et défie l'autorité
La Corée du Sud se trouve plongée dans une crise politique majeure alors que l'ex-président Yoon Suk-yeol résiste à son arrestation, désormais un enjeu national.
Pour le troisième jour consécutif, Yoon, déchu de ses fonctions le 14 décembre par le Parlement, refuse de se soumettre aux autorités qui cherchent à l’interroger sur sa tentative d’instaurer la loi martiale en décembre.
Cette loi, imposée dans la nuit du 3 au 4 décembre et visant à faire taire le Parlement, avait conduit à l'envoi de l'armée au sein même du Parlement.
Cette action, qui rappelle les heures sombres de la dictature militaire, a été annulée rapidement après l’entrée des députés et la mobilisation de milliers de manifestants pro-démocratie.
Le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), chargé de l’enquête, a lancé un mandat d'arrêt contre Yoon pour "rébellion", un crime passible de la peine capitale.
L'ex-président, qui a ignoré trois convocations pour l’interrogatoire, s'est retranché dans sa résidence officielle à Séoul. Ses partisans et détracteurs s’affrontent désormais en permanence devant sa maison, séparés par un dispositif policier.
Dans un message adressé à ses soutiens, Yoon a affirmé sa détermination à "se battre jusqu'à la fin" pour protéger la Corée du Sud de ce qu'il considère comme des forces internes et externes menaçant la souveraineté du pays. Ce discours a été qualifié de "délirant" par l'opposition, accusant l'ex-président d'inciter à la violence. Son équipe juridique a déposé un recours contre le mandat d'arrêt, arguant qu’il est illégal.
Alors que le CIO menace de poursuivre toute personne cherchant à entraver l'arrestation, la situation reste tendue, notamment en raison du rôle des forces de sécurité présidentielles, qui empêchent les enquêteurs d’accéder à la résidence de Yoon. Ce n'est pas la première fois que des partisans s'opposent physiquement à des arrestations, comme en 2000 et 2004, où des élus recherchés ont échappé à la justice grâce à l’intervention de foules de soutien.
Le pays est plongé dans une crise institutionnelle aggravée. Depuis la destitution de Yoon, le Premier ministre Han Duck-soo a également été démis de ses fonctions le 27 décembre.
Actuellement, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, exerce les pouvoirs présidentiels. Ce dernier a fait des gestes pour calmer la situation, notamment en nommant de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, qui doit se prononcer sur la validité de la destitution.
Si la Cour n’approuve pas la destitution à une majorité des deux tiers, Yoon pourrait récupérer son poste, prolongant ainsi une crise politique déjà en cours.
L’incertitude persiste, et la Corée du Sud se trouve à un carrefour politique, entre déstabilisation gouvernementale et soutien populaire à un ancien président qui défie l’autorité de l'État, rapporte l'AFP.