France : Les syndicats anticipent une réélection de Macron et dénoncent ses projets, écrit Michel Noblecourt
Le report de l’âge de la retraite à 65 ans et le conditionnement du versement du RSA à une activité font l’unanimité contre eux.
Ils ont été critiques, se sentant ignorés voire méprisés par le président de la République. S’ils ont globalement salué sa gestion économique et sociale de la crise sanitaire, les affrontements n’ont pas manqué, sur les réformes du code du travail, de la retraite, de la SNCF, de l’assurance-chômage, sans parler de la crise, sur une planète a-syndicale, des « gilets jaunes », écrit Neila Latrous Michel Noblecourt .
Pourtant, les syndicats, mezza voce, font tous le pari d’une réélection d’Emmanuel Macron. Une analyse antérieure à la guerre en Ukraine qui n’a rien d’une adhésion et résulte d’un examen de l’offre électorale.
A droite, Valérie Pécresse (Les Républicains), qui veut notamment supprimer 150 000 postes de fonctionnaires et abolir les 35 heures, jugée trop libérale, suscite le rejet. La gauche sociale-démocrate et les Verts auraient pu séduire les réformistes, mais ils apparaissent hors jeu. Quant à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), il a plutôt les faveurs de SUD et d’une partie de la CGT.
Depuis 1988, aucune centrale ne donne de consigne de vote. Jusqu’à cette date, la CFDT penchait pour le candidat socialiste et la CGT soutenait implicitement ou explicitement celui du Parti communiste. Affichant son indépendance, Force ouvrière se tenait à l’écart de l’arène électorale. Mais en 2022, la montée de l’extrême droite, qui s’établit autour de 30 % dans les sondages, conduit les syndicats à s’exprimer fortement face à ce danger. A la présidentielle de 2017, selon un sondage d’Harris Interactive, 24 % des sympathisants de FO et 15 % de ceux de la CGT avaient voté pour Marine Le Pen, tandis que 14 % pour la CFTC et l’UNSA, 13 % pour la CFE-CGC et 7 % pour la CFDT avaient fait ce choix.
La Pologne les a énervés
L’occasion d’afficher un front presque unanime est venue de Pologne. Le 23 novembre 2021, Tygodnik Solidarnosc, hebdomadaire du mythique syndicat de Lech Walesa, affichait en première page une interview de Mme Le Pen dénonçant « l’attaque sur la Pologne » par les institutions européennes qui ont sanctionné le gouvernement du PiS pour ses atteintes à l’Etat de droit. Le 5 janvier, le même journal donnait la parole à Eric Zemmour qui s’en prenait violemment aux syndicats français. Tygodnik faisait l’éloge de ces deux candidats à la présidentielle française. Six jours plus tard, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, écrivait à Piotr Duda, président de Solidarnosc, pour dénoncer « une ligne éditoriale assumée qui promeut l’extrême droite et des valeurs antinomiques à celles du syndicalisme », écrit Neila Latrous Michel Noblecourt dans un article au Le Monde..