Elections en Afrique du Sud : ''N'importe qui, mais pas l'ANC''
Les élections en Afrique du Sud ont été marquées par un mécontentement généralisé à l'égard de l'ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid.
Selon Hlengiwe Ndhlovu, maîtresse de conférences à l'École de gouvernance de l'université de Wits en Afrique du Sud, « je pense que l'ANC a fini par perdre le contact avec la population.
Le charisme des anciens cadres a disparu et une nouvelle génération de cadres se montre arrogante ».
Cette perte de confiance s'est traduite par une érosion électorale pour l'ANC, qui a vu ses politiques sanctionnés dans les urnes. Samson, un septuagénaire, a déclaré : « je veux changer le gouvernement, car ils ne font rien pour nous. Cela va du fait que beaucoup de jeunes sont sans emploi aux fuites d’eaux dans les rues. Ils ne font rien et ne sont pas bons pour nous ».
La corruption est également un facteur important du désamour des électeurs pour l'ANC. Jermina, 50 ans, a affirmé : « je pense que si on vote pour l’EFF [Combattants pour la liberté économique, gauche, NDLR], ils peuvent amener du progrès. L’ANC, pour moi, court juste derrière les contrats publics illicites. Ils détruisent tout au sein de notre pays ».
Cette élection confirme une tendance à la baisse pour l'ANC depuis 2009. Le parti a perdu des électeurs à chaque scrutin, et n'a pas recueilli 50% des voix lors des élections locales de novembre 2021. Selon Hlengiwe Ndhlovu, « on est arrivé à ces élections avec des Sud-Africains qui se sont dit : 'je me fiche de savoir si ton parti a deux ou six mois, comme le MK qui n'a ni programme ni structure, n'a pas fait ses preuves et ne promet rien. N'importe qui, mais pas l'ANC' ».
Les partis d'opposition, qui ont tous progressé lors de ces élections, sont maintenant prêts à saisir cette opportunité pour former des coalitions et accéder au pouvoir.
Le parti de Jacob Zuma, créé il y a seulement six mois, est devenu la troisième force politique du pays, reflétant ainsi le désir de changement de la population sud-africaine. Nhlamulo Ndhlela, porte-parole du MK, a déclaré : « ce résultat reflète la volonté de changement de la population sud-africaine ».
Les Combattants pour la liberté économique, menés par Julius Malema, ont obtenu 9% des voix, bien que ce soit moins qu'en 2019. Malgré ce résultat, Malema souhaite entamer des discussions avec les autres partis d'opposition pour former une coalition.
Il a déclaré : « je suis heureux que l'ANC ait perdu. Nous allons maintenant discuter avec les autres partis d'opposition pour former une coalition ».
L'Alliance démocratique, qui a obtenu 21% des voix, est également ouverte aux discussions pour une éventuelle coalition. Solly Malatsi, l'un des cadres du parti, a déclaré : « nous sommes satisfaits de notre performance et nous sommes ouverts à des discussions pour former une coalition ».
La secrétaire adjointe de l'ANC, Nomvula Mokonyane, a déclaré qu'une démission de Cyril Ramaphosa n'avait pas été évoquée. Le président, qui brigue un second mandat, est resté discret jusqu'à présent et devrait s'exprimer lors de la cérémonie officielle d'annonce des résultats.
Une fois les résultats officiels proclamés, des négociations pour de possibles coalitions s'engageront. Les partis auront deux semaines avant la première séance à l'Assemblée nationale et le vote pour désigner un futur chef de l'État. Cette nouvelle donne politique en Afrique du Sud pourrait avoir des répercussions importantes sur l'avenir du pays, les prochaines semaines s'annonçant donc décisives.