Ancien diplomate français : "il y a un réel mouvement contre la domination occidentale et française en Afrique"
«Ça serait difficile» de séparer les situations «les unes des autres»
Un énième coup d’Etat a frappé ce mercredi l’Afrique francophone. Cette fois-ci au Gabon.
Une scène devenu tristement banale dans la région.
L'ancien ambassadeur français en Mauritanie et au Soudan Michel Raimbaud apporte pour Al-Ain une analyse globale sur l’effet domino des coups d’Etat africains.
Au lendemain du putsch qui a renversé Ali Bongo au Gabon, le comité des chefs de l'armée a annoncé jeudi 31 août que le général Brice Oligui Nguema prêtera serment en tant que «président de transition» lundi 4 septembre devant la Cour constitutionnelle.
À la lumière de ce récent bouleversement politique Gabon, le dernier d’une longue série en Afrique de l’Ouest, Michel Raimbaud, ancien ambassadeur français dans plusieurs pays africains, revient sur tenants et les aboutissants de cette métamorphose politique sur le continent africain.
Al-Ain : Tirez-vous un lien de cause à effet entre les coups d’Etats au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée et dernièrement au Gabon ?
Michel Raimbaud : Ça serait difficile de les séparer les uns des autres. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y a une mécanique en route. C’est assez classique d’éviter toute explication globale. On a déjà vu ça du temps des printemps arabes, mais aussi des révolutions de couleur.
On voit du côté occidental une volonté d’analyser ces événements de manière singulière. En particulier sur le continent africain.
Al-Ain : Comment jugez-vous l’impact de ces coups d’Etats sur les intérêts français en Afrique francophone?
Michel Raimbaud : Il est clair que ces derniers coups d’Etats touche de nombreuses places fortes du système de la Franceafrique. Et Dieu sait que le Gabon en était une des forteresses.
Le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Gabon, pour dire ça crument c’est l’ancien empire colonial. Je ne fais d’appel à personne mais il ne manque que quelques pays comme la Côte d’Ivoire.
Ce n’est pas une épidémie, mais il y a un réel mouvement, qui n’est pas forcément coordonné, contre la domination occidentale et française en Afrique.
Al-Ain : Vous parlez de Franceafrique. Ce concept est-il toujours pertinent en 2023 selon vous ?
Michel Raimbaud : Ce n’est plus une réalité depuis un petit moment, mais elle a laissé des stigmates. Je pense que le système de la Franceafrique était l’héritier de l’Empire colonial. L’une des caricatures de ce système était le Gabon assurément.
Al-Ain : Quel responsabilité de la Russie dans ces coups d’Etat successifs ?
Michel Raimbaud : Il y a indéniablement une offensive informationnelle de la Russie en Afrique, pour contrer la domination occidentale et celle de la France. On peut toutefois dire qu’il n’y a pas seulement la Russie. Tout le monde joue ses cartes sur terrain africain.