Les médias politiques entre la malédiction du “Hollandais volant” et la bataille de la Jordanie contre la désinformation
La légende du Hollandais volant raconte l’histoire d’un navire maudit, condamné à naviguer éternellement sans jamais pouvoir accoster, errant dans les océans, n’apparaissant qu’à ceux frappés de malédiction.
Cette légende maritime néerlandaise du XVIIe siècle, bien que symbolique, reflète la réalité des médias politiques d’aujourd’hui. À l’image du Hollandais volant, ces médias voguent sans répit ni port d’attache, prisonniers de l’isolement et de l’errance perpétuelle au cœur du tumulte et du chaos des fausses informations. Dépourvus de boussole, ils dérivent entre propagande, manipulation et rumeurs, tandis que la vérité peine à émerger et à atteindre son port d’attache.
Dr. Munther Jaradat, spécialiste des médias et de la pensée politique
Le paradoxe est frappant : les médias, censés être le miroir de la réalité, se sont transformés en instruments de fabrication des récits et d’orientation de l’opinion publique au service d’agendas régionaux ou internationaux. Ainsi, les faits sont remodelés selon les intérêts des puissances en place. Dans ce contexte, les médias jordaniens ont mené une lutte acharnée contre la propagande étrangère visant à effacer le rôle crucial de la Jordanie en faveur de la cause palestinienne. Ils ont su neutraliser les manipulations, défiant les tentatives de désinformation, y compris celles liées au Deal du siècle.
Revenons à notre légende : tout comme le Hollandais volant a été condamné à une errance éternelle, certaines forces extérieures ont lié leurs intérêts politiques aux médias, les forçant à abandonner leur mission première. L’information n’est plus produite selon des normes journalistiques professionnelles, mais plutôt selon une équation idéologique subtile mêlant sensationnalisme, manipulation émotionnelle et impact psychologique. Avec la rapidité fulgurante de la diffusion des nouvelles – bien supérieure à celle de leur vérification – grâce aux outils des médias modernes, la désinformation est devenue un phénomène plus complexe et enraciné, fournissant un terrain fertile aux rumeurs qui s’autoalimentent à travers leur recyclage incessant dans un espace numérique sans régulation.
Cette situation a creusé un profond fossé de confiance entre le public et les institutions médiatiques. Le consommateur d’information, autrefois passif, est aujourd’hui sceptique, remettant en question toute narration avant de l’accepter. Parallèlement, les médias traditionnels ont perdu du terrain au profit des plateformes de réseaux sociaux, où chaque individu est devenu journaliste et créateur de contenu. Toutefois, dans bien des cas, ces nouveaux acteurs ne sont que des maillons d’une chaîne infinie de désinformation.
La question du déplacement forcé de Gaza et de la Cisjordanie : un modèle de manipulation médiatique et la riposte jordanienne
Dans cet espace médiatique chaotique, la question du déplacement forcé de Gaza et de la Cisjordanie s’est imposée comme un exemple frappant de la manière dont les médias politiques, influencés par des agendas extérieurs, sont utilisés pour fabriquer des récits trompeurs. Depuis le début de l’agression israélienne contre Gaza – et même avant – des campagnes médiatiques intensives ont propagé des rapports sur des projets de déplacement des Palestiniens vers la Jordanie et le Sinaï, avec pour objectif de transformer cette idée en une “réalité” crédible aux yeux de l’opinion publique.
Face à cette vague de désinformation, la Jordanie, tant au niveau officiel que populaire, a adopté une stratégie claire et cohérente, alliant fermeté politique et intelligence médiatique. Son positionnement ne s’est pas limité à de simples déclarations diplomatiques, mais a aussi pris la forme d’un combat médiatique visant à déconstruire ces narrations biaisées et à clarifier que le déplacement forcé n’est pas une solution humanitaire, mais plutôt une tentative de liquidation de la cause palestinienne. La Jordanie, fidèle à ses principes inébranlables, a réaffirmé son rejet de toute solution qui porterait atteinte aux droits du peuple palestinien ou modifierait le statut juridique et historique de Jérusalem.
Sous la direction de Sa Majesté le Roi Abdallah II, la Jordanie a mené d’intenses efforts diplomatiques et médiatiques pour défendre les droits légitimes des Palestiniens et contrer toute tentative de déplacement forcé ou de dissolution de la cause palestinienne. Elle continue également d’assumer son rôle de gardien des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem, tout en réaffirmant son engagement en faveur de la solution à deux États comme seule voie viable pour une paix juste et durable dans la région.
En parallèle, les médias jordaniens, qu’ils soient officiels ou privés, ont accompagné cette diplomatie proactive pour souligner que ce discours médiatique n’est qu’une réédition de scénarios rejetés par le passé, tant par Sa Majesté le Roi que par le peuple jordanien.
Si les médias politiques continuent de fonctionner sur la base de la désinformation et de la répétition de récits fabriqués, ils ne sortiront jamais de la malédiction du Hollandais volant et resteront enfermés dans un cercle vicieux, coupés de leur public et privés de toute influence réelle. C’est précisément cette réalité que les médias jordaniens ont su comprendre, en refusant de suivre le courant de la désinformation et en jouant un rôle central pour positionner la Jordanie comme un acteur clé et un défenseur inébranlable de la cause palestinienne. Aujourd’hui, le défi ne se limite plus à restaurer la crédibilité des médias, mais aussi à redéfinir le rôle des médias politiques et à dévoiler les mécanismes occultes visant à affaiblir la position jordanienne sur la scène régionale et internationale.