Afrique du Sud et RDC : justification d’un engagement militaire sous tension
Depuis le début de l’offensive du groupe armé M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la présence militaire sud-africaine suscite de vives critiques
L’engagement de Pretoria dans le cadre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) a déjà coûté la vie à quatorze soldats sud-africains. Face à cette controverse croissante, le président Cyril Ramaphosa a pris la plume, le 3 février 2025, pour défendre la participation de son pays à cette mission.
Un engagement sous le prisme de la solidarité africaine
Dans sa lettre hebdomadaire à la nation, Cyril Ramaphosa a tenu à rappeler les principes fondateurs de la politique étrangère sud-africaine en Afrique. Il a insisté sur la nécessité pour les États du continent de prendre en main la résolution des conflits régionaux, affirmant que « la violence et les conflits en Afrique sont l’affaire de tous les Africains ». Pour Pretoria, l’instabilité en RDC n’est pas un problème isolé, mais une menace pour la paix et la prospérité régionales, justifiant ainsi l’engagement militaire sud-africain aux côtés des forces congolaises.
Des tensions diplomatiques persistantes
Le déploiement des forces sud-africaines s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre les États impliqués directement ou indirectement dans la crise congolaise. La semaine passée, des échanges vifs sur les réseaux sociaux entre Pretoria et Kigali ont révélé l’ampleur des désaccords, notamment sur le rôle du Rwanda dans le conflit. Une intervention diplomatique de haut niveau, avec un appel téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, a cependant permis d’apaiser temporairement la situation.
Objectifs et perspectives : une mission conditionnée par la paix
Ramaphosa a également réaffirmé l’alignement de Pretoria sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, en appelant le M23 à se retirer des zones occupées et en exigeant que les « forces externes » quittent le territoire congolais. Concernant l’avenir de la mission sud-africaine en RDC, il a souligné que celle-ci ne pourra être réduite qu’une fois un cessez-le-feu effectif. Toutefois, les défis restent nombreux : les troupes de la SADC font face à des conditions difficiles sur le terrain et nécessitent un soutien logistique accru, un aspect que Pretoria s’engage à renforcer.
Un soutien apprécié par la RDC
Malgré les controverses, l’engagement sud-africain a reçu le soutien des autorités congolaises. Lors de la conférence Mining Indaba, qui s’est tenue au Cap, la Première ministre congolaise Judith Suminwa a exprimé sa « profonde gratitude » envers Pretoria. Dans un message vidéo diffusé à l’ouverture de l’événement, elle a également dénoncé le pillage des ressources minières de l’est du pays, un facteur clé alimentant les conflits et exacerbant l’instabilité régionale.
Une stratégie de Pretoria à double enjeu
La présence militaire sud-africaine en RDC dépasse le simple cadre d’une mission de stabilisation. Elle reflète également les ambitions géopolitiques de Pretoria sur le continent, cherchant à affirmer son rôle de leader régional et à préserver ses intérêts économiques. Toutefois, les pertes humaines et les critiques internes posent un défi majeur au gouvernement Ramaphosa, qui devra concilier impératif sécuritaire et opinion publique nationale.
Alors que la situation sur le terrain reste volatile, l’avenir de cette intervention dépendra de la capacité des acteurs régionaux et internationaux à imposer un cessez-le-feu durable et à garantir une résolution politique à long terme du conflit.