Vidéo. Marseille : Plages polluées, Vieux-Port inondé, pourquoi c’est toujours la même histoire ?
e Vieux-Port qui déborde, l’Huveaune qui charrie des déchets à la mer, l’eau qui sort des égouts.
Le scénario s’est répété à Marseille mercredi après-midi lors d’un épisode pluvieux qui a vu jusqu’à 100 millimètres d’eau se déverser en une heure et demie.
Le plus gros orage depuis le 5 octobre 2021, après lequel Hervé Menchon (ELLV), élu à la mer et à la biodiversité marine, avait dénoncé un « écocide » face aux tonnes de déchets emportés sur les plages et dans la Méditerranée.
Ce jeudi matin, après avoir parcouru le littoral, il salue le travail des équipes de nettoyage, sans se satisfaire toutefois de la situation : « Des épisodes diluviens comme celui d’hier vont être de plus en plus fréquents, à cause des pollutions marines.
C’est le résultat d’un été où on a fait bouillir la mer. On doit rompre ce cercle infernal. » Et pour ce faire, déjà, empêcher que l’eau vienne déverser polluants et microdéchets à la mer, qui font que l’on se baigne jamais ici un lendemain d’orage. « Des solutions existent, assure-t-il. C’est une situation liée à une forte urbanisation. On pourrait imaginer par exemple que la métropole mette le paquet pour que les regards pluviaux ne déversent pas directement à la mer, plutôt que des millions d’euros sur le boulevard urbain sud. »
A Marseille, les fortes pluies bousculent la donne. D’abord du côté des cours d’eau. Le barrage de la Pugette – qui, depuis 1972, détourne les eaux de l’Huveaune et du Jarret vers l’anse de Cortiou – est alors abaissé pour faire face à l’afflux des bassins-versants. Elles retrouvent alors leur lit naturel jusqu’aux plages du Prado. Et le système de dégrillage, mis en place pour retenir les déchets, n’est plus opérant.
Ensuite du côté du réseau des eaux pluviales et usées, dont la structure date du XIXe siècle. « Nos anciens ont créé un réseau unitaire pour les récolter, explique Didier Réault, vice-président de la métropole délégué à la mer et au cycle de l’eau. Ce réseau traverse la ville, mais lors de pluies décennales, on a beaucoup de mal à traiter cet afflux. »
« Tout cela prend du temps »
Mercredi, les 50.000 mètres cubes du bassin de rétention Ganay, creusé récemment près du Vélodrome pour récolter les pluies d’orage, n’ont pas suffi. « Il en aurait fallu neuf autres comme celui-ci autour du stade, ce qui est impossible d’un point de vue technique comme financier, le coût d’un tel équipement étant de 50 millions l’unité », indique Didier Réault.
Pour lui, les solutions sont avant tout à réaliser sur les bassins-versants, pour désimperméabiliser les sols, élargir les cours d’eau là où ils peuvent l’être, et « faire ainsi en sorte que l’eau s’étale plus qu’elle ne se déverse ». « Tout cela prend du temps », avance-t-il, reconnaissant que le Vieux-Port, en cas de fortes pluies, restera un point noir : difficile de lutter avec des eaux pluviales non déconnectées du réseau unitaire qui descendent du nord et de sud de la ville, et se rejoignent à cet épicentre.