Mutan al-Sara : La Russie Renforce son Influence dans le Triangle Libye-Tchad-Soudan
Un Projet en Pleine Zone Frontalière
Selon des sources ouvertes affiliées à la Russie, une nouvelle base militaire russe serait en cours de construction dans la région de Mutan al-Sara, au sud de la Libye.
Ce projet vise à réutiliser la base aérienne de Matan As Sarra, située aux coordonnées 21°41′20″N 021°49′50″E.
Ancien fleuron de l'armée libyenne, cette base militaire possédait autrefois trois pistes entièrement opérationnelles et des infrastructures capables d’accueillir plusieurs avions militaires. Toutefois, elle a été abandonnée en 2011, dans le sillage de la guerre civile libyenne.
Un Pôle pour "l’Africa Corps" russe et alliés Syriens
Les sources rapportent que cette nouvelle base servirait de point d’ancrage à " l’Africa Corps" russe, une unité dédiée aux opérations sur le continent, ainsi qu’aux loyalistes du régime syrien déplacés en Libye avec le soutien de Moscou. Ces combattants auraient quitté la Syrie après l’effondrement du régime de Bachar El-Assad, marquant un lien stratégique entre les opérations militaires russes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Une Position Stratégique Clé
Le choix de Mutan al-Sara n’est pas anodin. Située à la croisée des frontières de la Libye, du Tchad et du Soudan, cette région offre une position géopolitique unique.
À proximité, la région aurifère de Kuri-Bugudi, au Tchad, attire depuis longtemps les convoitises internationales pour ses ressources minières. En parallèle, la présence importante de réfugiés soudanais dans cette zone ajoute des dimensions humanitaires et sécuritaires aux enjeux économiques.
Moscou fait le pari de son expansion dans le Continent marqué par des rivalités multipolaires
L'initiative russe en Afrique s'inscrit dans une dynamique géopolitique plus large, visant à renforcer son influence sur le continent africain en réponse à une rivalité croissante avec les puissances occidentales et la Chine.
La construction de cette base en particulier peut être perçue comme une démarche stratégique qui reflète l'intention de la Russie de se positionner comme un acteur central dans un corridor d'importance géostratégique.
Toutefois, cette action présente des risques considérables : elle pourrait exacerber les tensions avec les puissances déjà établies dans la région et entraîner des conséquences imprévues sur le plan diplomatique et économique.
En analysant cette initiative sous l'angle des intérêts russes, on observe une volonté manifeste de diversifier ses alliances et de contester l'hégémonie occidentale en Afrique, mais aussi le pari d'une expansion militaire et économique dans une région marquée par des enjeux complexes et des rivalités multipolaires.
Olivier d’Auzon