Rwanda : Cyril Ramaphosa à Kigali pour les commémorations du génocide des Tutsi
Le président sud-africain, qui a déployé des troupes dans l’est de la RDC face aux rebelles du M23, prendra part aux commémorations organisées à Kigali. Il pourrait aussi s’entretenir avec Paul Kagame.
En froid avec son homologue rwandais Paul Kagame, Cyril Ramaphosa va malgré tout prendre part aux 30e commémorations du génocide des Tutsi qui se tiendra à Kigali, le dimanche 7 avril. Interrogée sur le sujet lors d’un point presse ce vendredi 5 avril, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a confirmé que son pays avait été invité et qu’il serait représenté « à très haut niveau pour se tenir aux côtés du peuple rwandais ». Elle n’a toutefois pas donné plus de précisions sur la participation du chef de l’État, rapporte Jeune Afrique.
Relations tendues
Ce sont la présidence sud-africaine et une source gouvernementale rwandaise – tous deux contactés par Jeune Afrique – qui ont confirmé que Cyril Ramaphosa sera bel et bien présent à Kigali ce dimanche. Si plusieurs autres chefs d’État et de gouvernement sont attendus dans la capitale rwandaise, la participation du Sud-Africain est loin d’être anodine compte tenu du contexte sous-régional.
Macron admet l'inaction française face au génocide rwandais : Vers une réévaluation historique ?
Malgré une ébauche de rapprochement en 2018, Paul Kagame et Cyril Ramaphosa entretiennent des relations pour le moins distantes. Plusieurs dossiers ont régulièrement empoisonné leurs relations bilatérales au cours des dix dernières années, à commencer par l’assassinat, en 2014 à Johannesburg, de Patrick Karegeya, l’ancien chef du renseignement rwandais devenu opposant.
Pretoria, moteur de la SAMIDRC
Ces derniers mois, c’est l’activisme de Pretoria aux côtés de Kinshasa qui a agacé Kigali. Depuis le départ, fin 2023, de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est, dont Félix Tshisekedi critiquait le manque d’efficacité face aux rebelles du M23 que le Rwanda est accusé de soutenir, le président congolais s’est tourné vers la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cette dernière déploie, depuis fin décembre, des contingents fournis par l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie.
Pretoria joue un rôle moteur dans cette force, dont Kinshasa affirme qu’elle adoptera un mandat offensif face au M23. Son commandement a été confié à un Sud-Africain, le général Monwabisi Dyakopu. Le 12 février dernier, Cyril Ramaphosa, qui s’est rapproché de Félix Tshisekedi ces derniers mois, s’est en outre engagé à déployer 2 900 soldats dans l’est de la RDC.
Kagame accuse Ramaphosa
Le déploiement de cette force a suscité l’ire de Kigali. Dans un courrier adressé le 12 février au Conseil de sécurité des Nations unies, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, a accusé la force de la SADC de ne pas être neutre dans la crise actuelle. S’opposant à ce que la Monusco lui apporte son soutien, le chef de la diplomatie rwandaise a estimé que la SAMIDRC (l’acronyme de cette force) soutenait « la position belligérante du gouvernement congolais ».
Moins d’un mois plus tard, c’est auprès de l’Union africaine que Vincent Biruta a dénoncé le rôle de la SAMIDRC « en tant que force offensive » aux côtés de l’armée congolaise, accusée de collaborer avec des groupes armés sur le terrain, dont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
« Je pense que le déploiement militaire devrait s’accompagner d’un volet diplomatique, et nous allons le mettre en place pour soutenir le rôle de l’Angola en tant que facilitateur entre la RDC et le Rwanda », a ajouté la cheffe de la diplomatie sud-africaine. Selon nos informations, les équipes des deux présidents travaillent aussi à l’organisation d’une rencontre bilatérale en marge du déplacement de Cyril Ramaphosa à Kigali. Nul doute que, si celle-ci aboutit, ces sujets seront inévitablement mis sur la table.