L’Alliance des États du Sahel (AES) rejette l’offre de la CEDEAO
L’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, a récemment rejeté l’offre de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui leur accordait un délai de six mois pour revenir sur leur décision de
Cette position a été exprimée dans une déclaration commune publiée dimanche soir, marquant une étape importante dans les tensions politiques et diplomatiques qui secouent la région ouest-africaine.
Le Contexte de la Décision de Retrait
Les trois pays de l’AES ont annoncé en janvier 2024 leur intention de quitter la CEDEAO, une organisation régionale composée de 15 pays. Ce retrait a été motivé par un sentiment croissant de frustration vis-à-vis des actions de la CEDEAO, notamment en ce qui concerne la gestion des crises politiques internes et les interventions de l’organisation dans les affaires souveraines des États membres.
Ce départ a renforcé les tensions avec d’autres membres de la CEDEAO, notamment le Sénégal et le Togo, qui ont été désignés comme médiateurs dans le processus de réintégration.
La Proposition de Rétractation de la CEDEAO
Lors d’un sommet à Abuja, au Nigeria, la CEDEAO a proposé un délai de rétractation de six mois pour permettre aux trois pays de revenir sur leur décision de retrait, avec une date limite fixée à fin janvier 2025. L’objectif de ce délai est de maintenir la possibilité de réintégration au sein de l’organisation. Dans ce cadre, les présidents du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, et du Togo, Faure Gnassingbé, ont été chargés de mener des discussions visant à ouvrir la voie à une réconciliation au sein de la CEDEAO.
Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la CEDEAO, a qualifié cette période de transition de nécessaire pour maintenir les portes ouvertes aux trois pays, et a annoncé qu’elle durerait jusqu’au 29 juillet 2025. Toutefois, malgré cet effort diplomatique, les dirigeants de l’AES ont fermement rejeté cette offre, considérant leur décision comme irréversible.
Les Raisons du Refus
Dans la déclaration commune signée par le président malien, le Général Assimi Goïta, en sa qualité de président en exercice de l’AES, les dirigeants des trois pays ont dénoncé ce qu’ils appellent des actions de « déstabilisation » menées par des puissances étrangères dans la région.
Ils ont particulièrement mis en avant les opérations de réorganisation et de regroupement de groupes terroristes dans plusieurs zones sensibles, notamment dans le Bassin du Lac Tchad, le Sahel, et le long des frontières du Niger avec le Nigéria et le Bénin, ainsi que du Niger avec le Burkina Faso et du Bénin avec le Burkina Faso.
Face à cette situation, les dirigeants de l’AES ont décidé de renforcer leurs mesures de sécurité en mettant les forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale. Ils ont aussi annoncé une coordination plus étroite des opérations militaires au sein de la confédération, visant à créer un « théâtre unique d’opérations militaires », complémentaire aux théâtres militaires nationaux déjà en place.
Une Décision Irréversible
Les dirigeants de l’AES ont fait état d’opérations de réorganisation et de regroupement de groupes terroristes dans le Bassin du Lac Tchad, dans le Sahel et dans certaines zones frontalières à savoir: Niger-Nigéria, Niger-Bénin; Niger-Burkina et Bénin-Burkina.
Ils ont décidé ainsi de » mettre les forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale, de faire de l’espace confédéral un théâtre unique d’opérations militaires, coexistant avec les théâtres militaires nationaux en cours « , selon la déclaration.
Les chefs d’État de la confédération des États du Sahel avaient affirmé récemment que leur décision de quitter l’organisation était « irréversible« .
Cette position reflète non seulement un désir de souveraineté accrue, mais aussi une volonté de réorienter les relations géopolitiques dans la région, loin des structures traditionnelles qu’ils jugent inefficaces face aux défis sécuritaires.
Cette rupture pourrait avoir des conséquences profondes sur la stabilité régionale, avec un impact direct sur les mécanismes de coopération entre les pays de l’Afrique de l’Ouest, notamment en matière de sécurité, d’intégration économique et de gestion des crises politiques.
Les tensions entre les pays de la CEDEAO et l’AES pourraient également exacerber les conflits internes déjà présents, notamment dans les zones touchées par le terrorisme et les insurrections armées.
Par Olivier d’Auzon.