Blockchain et monnaies numériques : Les clés de la souveraineté financière pour l’Afrique
L'Afrique, traditionnellement dépendante des monnaies étrangères comme le dollar américain et l’euro, se trouve à un moment charnière.
Cette dépendance a des conséquences importantes : elle expose le continent à la volatilité des taux de change, augmente les coûts des transactions et limite l’accès aux devises nécessaires pour alimenter le commerce international.
Ces défis freinent la croissance du commerce intra-africain et l'intégration économique du continent dans les échanges mondiaux.
Le BRICS et l’appel à l’utilisation des monnaies locales
Dans ce contexte, le groupe BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, mais désormais élargi à des pays comme l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats Arabes Unis, fait pression pour un changement radical.
L'objectif étant de réduire la domination du dollar en promouvant l’utilisation des monnaies locales dans les transactions internationales. Ce mouvement s'inscrit dans un désir de remettre en question les structures financières héritées de l’après-guerre, comme les accords de Bretton Woods et le système du pétrodollar, qui ont longtemps favorisé les grandes puissances économiques.
Cette initiative pourrait représenter une occasion pour l’Afrique de réduire sa dépendance aux devises étrangères, mais aussi un terrain d’entente pour favoriser une plus grande autonomie économique. Pourtant, bien que cette perspective soit prometteuse, elle reste semée d’embûches.
La pandémie et la recherche d’alternatives : un tournant stratégique
La pandémie de COVID-19 a accéléré la remise en question des systèmes financiers mondiaux. Les sanctions internationales imposées via le système SWIFT ont mis en lumière la vulnérabilité des pays face à une domination financière concentrée entre les mains de quelques grandes puissances.
Cette prise de conscience a poussé plusieurs nations, dont celles du BRICS, à explorer des solutions alternatives comme les monnaies numériques et la blockchain. La Chine, par exemple, a mis en place le Système de Paiement Interbancaire Transfrontalier (CIPS), en parallèle à la Belt and Road Initiative, pour encourager l'utilisation des monnaies locales et préparer le terrain pour une décentralisation des paiements internationaux.
Les monnaies numériques, et plus largement la blockchain, offrent des solutions pour créer un système plus transparent et moins dépendant des intermédiaires traditionnels. Ces technologies émergentes permettent de repenser les transactions financières à l’échelle mondiale et de réduire les coûts, un enjeu crucial pour les économies en développement.
L'Afrique sur la voie de la souveraineté monétaire : des initiatives locales en réponse à la dépendance extérieure
En Afrique, bien que les pays du continent soient largement tributaires des systèmes de paiement internationaux, des solutions locales commencent à émerger. Le Système de Paiement et de Règlement Pan-Africain (PAPSS), mis en place pour faciliter les paiements transfrontaliers en monnaies locales, illustre cette volonté d’autonomie. Cette initiative vise à stimuler le commerce intra-africain, en particulier dans le cadre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), en réduisant la dépendance aux devises étrangères.
Mais la mise en œuvre de telles solutions reste complexe. L’Afrique fait face à des défis considérables, notamment l'absence d'infrastructures financières adaptées et la nécessité d’investir dans la formation et la capacité des institutions financières. En outre, l'introduction de nouvelles technologies comme les paiements numériques soulève des questions cruciales de gouvernance des données, de sécurité et de régulation.
L’Afrique à l’ère du numérique : quels choix pour l’avenir ?
L’adoption des technologies financières émergentes pourrait transformer le paysage économique du continent. Les monnaies numériques, la blockchain et d'autres solutions innovantes offrent de nouvelles opportunités pour réduire les coûts et accroître la sécurité des paiements. Toutefois, il est essentiel que l’Afrique veille à ne pas devenir dépendante de nouvelles puissances économiques et de leurs systèmes financiers. Le continent doit veiller à ce que ses intérêts soient protégés, tout en encourageant des solutions qui correspondent à ses besoins.
Les gouvernements africains doivent donc naviguer avec prudence dans ce nouveau paysage. L’engagement actif dans les discussions au sein du BRICS pourrait offrir des opportunités, mais il est essentiel que l’Afrique ne se laisse pas entraîner dans des systèmes qui ne correspondent pas à ses priorités économiques et sociales.
Vers un futur plus indépendant financièrement ?
L’essor des initiatives de dédollarisation et des systèmes financiers alternatifs ouvre une fenêtre d’opportunité pour l’Afrique. Le continent pourrait, à travers des projets comme le PAPSS et l’adoption de technologies innovantes, réduire sa dépendance aux monnaies étrangères et renforcer son autonomie financière.
Pour autant, cela nécessitera une gouvernance prudente, un investissement dans les infrastructures et une collaboration accrue entre les États africains pour éviter de tomber dans de nouveaux pièges de dépendance. Le défi est de taille, mais si l’Afrique parvient à relever ce défi, elle pourrait établir un système financier plus résilient, capable de soutenir son développement durable et d’intégrer davantage ses économies dans le commerce mondial.