Dans l’ombre de la crise en mer Rouge : Comment la catastrophe environnementale a été évitée de justesse…
Le 21 août 2024, un pétrolier grec, le MT SOUNION, est frappé par des missiles anti-navires lancés par des militants Houthi dans la mer Rouge méridionale.
Transportant près d'un million de barils de pétrole brut, le navire subit des dégâts majeurs, menaçant de provoquer une catastrophe environnementale d'une ampleur jamais vue. Ce fut le début d’une crise maritime qui a mis en lumière les défis géopolitiques et sécuritaires croissants dans cette région stratégique.
Les Houthis, en guerre contre la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite, ont intensifié leur offensive en mer Rouge. En plus des frappes contre des installations portuaires, cette attaque a marqué un tournant, attirant l'attention mondiale sur la vulnérabilité des navires commerciaux dans la région. Le SOUNION a été laissé à la dérive, ses systèmes de contrôle hors service, avec l'option d'une marée noire imminente menaçant l’écosystème marin, d’une ampleur comparable à celle de la catastrophe de l'Exxon Valdez.
Face à cette urgence, l'Opération ASPIDES de la Force navale européenne (EUNAVFOR) a rapidement mobilisé une frégate française, envoyée pour évacuer les 29 membres d'équipage, malgré les attaques continues de drones et de navires sans pilote. Cette évacuation en territoire hostile a marqué un premier succès dans cette mission complexe. Cependant, la situation s'est rapidement aggravée le 23 août 2024, lorsque les Houthis ont abordé le navire et posé des explosifs sur les ponts et la passerelle, provoquant des incendies sur 19 points différents du SOUNION. Les réservoirs de cargaison ont été perforés, et le navire était désormais un danger immédiat pour la mer Rouge.
Les images de l’attaque, diffusées par les Houthis, ont circulé à grande vitesse sur les réseaux sociaux, attisant les inquiétudes quant à la sécurité du pétrolier. Mais derrière ce spectacle inquiétant se cachait un effort coordonné de sauvetage et de déminage mené par Ambrey, une société dédiée à la sécurité maritime. L’ampleur de l’opération a nécessité l’intervention de plus de 200 spécialistes et une multitude d’organisations internationales, dont Megatugs Salvage & Towage et Ambipar Response, soutenus par des efforts diplomatiques intenses pour garantir l’accès et la sécurité.
Le sauvetage du SOUNION a été un défi de taille. Le navire se trouvait à 58 miles des côtes du Yémen, en pleine zone de combat contrôlée par les Houthis, ce qui compliquait les opérations de déminage. Avant même de pouvoir remorquer le pétrolier, des équipes spécialisées ont dû déminer la zone pour enlever les dispositifs explosifs laissés par les assaillants. Avec l’aide d’équipements sophistiqués et l’utilisation de remorqueurs grecs, l’équipe de sauvetage a progressivement réussi à amener le SOUNION vers un emplacement plus sûr, à 150 miles au nord, avec le soutien aérien et naval d’EUNAVFOR.
Les incendies, qui ont fait rage pendant plusieurs semaines, ont été maîtrisés principalement la nuit, en raison de la chaleur étouffante de la mer Rouge. En trois semaines, les équipes ont réussi à étouffer les flammes, stabiliser le navire, et préparer le SOUNION pour son remorquage vers Suez.
Une fois arrivé en Égypte, la cargaison a été déchargée sans incident.
Le sauvetage du SOUNION représente bien plus qu’une simple opération de récupération. C’est un témoignage de la résilience des équipes de secours et de la nécessité d'une coopération internationale dans un environnement maritime de plus en plus dangereux.
Ambrey, dans un communiqué, a exprimé sa reconnaissance envers tous ceux ayant contribué à cette réussite, soulignant l'importance de la collaboration entre militaires, civils, et entreprises privées pour éviter une catastrophe écologique d’ampleur mondiale.
Cet événement met en évidence la fragilité de la navigation commerciale dans la mer Rouge et les défis posés par les tensions géopolitiques. La crise en cours a démontré la vulnérabilité des voies maritimes stratégiques et souligné l’urgence de renforcer la sécurité maritime et la protection environnementale dans cette région clé du commerce international. Si cette opération de sauvetage a permis d'éviter le pire, elle a également lancé un avertissement sur les risques imminents auxquels sont confrontées les infrastructures maritimes dans un monde de plus en plus polarisé par des conflits armés.