Entretien Macron-Ouattara : Réponses conjointes face à l'instabilité au Sahel
La rencontre à l'Élysée a souligné le soutien ferme de la France au président nigérien Mohamed Bazoum, mettant en lumière les défis sécuritaires majeurs auxquels la région est confrontée.
Dans un contexte régionale particulièrement délicat, les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara ont récemment discuté des répercussions du coup d'État au Niger et de la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Sahel. Lors de leur rencontre à l'Élysée le 21 novembre, Macron a réitéré le plein soutien de la France au président nigérien Mohamed Bazoum, soulignant que sa libération était un préalable essentiel à toute négociation avec les putschistes.
Le président français a également confirmé son appui à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans ses efforts pour résoudre la crise au Niger. Malgré les sanctions imposées par la CEDEAO et ses menaces d'intervention militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel, la situation demeure complexe. Notamment, la Côte d'Ivoire avait exprimé sa volonté d'envoyer un bataillon de soldats pour soutenir ces efforts régionaux.
Macron a exprimé son inquiétude quant à la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Sahel, marquée par une augmentation des attaques terroristes. Les deux dirigeants ont également abordé les récentes élections en Côte d'Ivoire, remportées par le parti d'Ouattara, et les développements politiques internes qui en ont découlé.
La coopération civile et militaire, ainsi que les relations économiques bilatérales, ont également été au cœur de leurs discussions, mettant l'accent sur des domaines tels que la transition énergétique, les transports et l'aménagement urbain.
La situation au Sahel est d'autant plus complexe après le retrait progressif de l'armée française, notamment au Mali, au Burkina Faso, et récemment au Niger en octobre, suite à des coups d'État militaires. La France, ancienne puissance coloniale, maintient toutefois des bases en Afrique, notamment au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Gabon et à Djibouti, soulignant l'importance continue de son engagement régional.
Néanmoins, la Côte d’Ivoire malgré sa proximité avec les zones rouges du djihadisme en Afrique, arrive à maintenir un niveau de stabilité sécuritaire impressionnant. L’un de nos journaliste a pu faire ce constat lui-même en se rendant dans plusieurs villes et villages ivoiriens. En dehors d’une zone réduite au nord du pays, le terrorisme n’a pas ou peu d’impact sur la réalité du terrain en Côte d’Ivoire.
Les défis sécuritaires auxquels font face le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont profondément enracinés dans une combinaison complexe de facteurs historiques, géographiques, politiques, économiques et sociaux. La géographie de la région, caractérisée par des frontières poreuses et des zones désertiques difficiles à contrôler, facilite la libre circulation des groupes armés, tandis que les divisions artificielles héritées de la colonisation ont créé des tensions ethniques et tribales.
Sahel : luttes fratricides entre les terroristes de Daech et d’Al Qaïda
Ces pays ont également été marqués par des périodes d'instabilité politique qui ont affaibli la capacité des gouvernements à assurer la sécurité intérieure. Les institutions étatiques peuvent être faibles, inefficaces et sujettes à la corruption, aggravant les tensions au sein de la société. La pauvreté endémique et les inégalités socio-économiques offrent un terrain propice au recrutement par des groupes extrémistes, exploitant la vulnérabilité économique des populations marginalisées.
Les tensions ethniques et religieuses, exacerbées par des facteurs historiques, peuvent être exploitées par des groupes extrémistes pour diviser les populations et justifier leurs actions. La présence de groupes terroristes transnationaux, tels que Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et Boko Haram, aggrave la menace régionale, traversant facilement les frontières nationales.
De plus, les changements climatiques, tels que la désertification, peuvent aggraver les tensions liées aux ressources naturelles, déclenchant des conflits entre communautés. Les réponses internationales peuvent varier d'un pays à l'autre, créant des disparités dans le niveau d'assistance internationale. En contraste, la relative stabilité en Côte d'Ivoire découle en partie de facteurs tels que la croissance économique, la stabilité politique post-conflit, et une gestion relativement plus efficace des tensions ethniques et religieuses. Bien que la Côte d'Ivoire puisse également faire face à des défis, ces éléments ont contribué à créer un environnement plus stable en comparaison avec ses voisins sahéliens.