Guerre en Ukraine : le courage et la lucidité existent encore en France !
Depuis plus d’un an et le début de la guerre en Ukraine, on peut observer chez la majorité des responsables politiques français comme une véritable peur chez ces derniers lorsqu’il faut évoquer ce conflit.
Le sujet serait devenu trop « touchy », trop sensible pour beaucoup. A gauche comme à droite, et même chez ceux que l’on considérait avant l’intervention russe comme proche de Moscou, ils sont tétanisés par la doxa dominante, la chape de plomb et le véritable terrorisme intellectuel atlantistes instaurés par le gouvernement Macron et surtout les médias officiels. Beaucoup ne veulent pas être traités de « pro-russe » à la moindre modération ou réflexion libre sur cette guerre et ses conséquences négatives pour l’Europe et la France. Heureusement, même s’ils se font rares, il reste encore dans l’hexagone des hommes politiques courageux, indépendants et lucides sur cette tragédie…
Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient. Il est le rédacteur en chef du Dialogue. Ses derniers ouvrages : Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021) et Abdel Fattah Al-Sissi, Le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023)
L’un d’entre eux, et non des moindres, est Julien Aubert, vice-président du parti Les Républicain et président d’Oser la France.
Fin connaisseur de la géopolitique et des relations internationales, ce dernier estime que l'entrée potentielle de l'Ukraine dans l'OTAN serait une catastrophe historique et géopolitique. Selon lui, l'Union européenne doit tenir compte des préoccupations de la Russie concernant sa sécurité.
"Je pense que cela (l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN) serait une terrible erreur.
Tant d'un point de vue historique que géopolitique. Après tout, il y a l'article 5, qui stipule que tous les pays de l'Alliance doivent rejoindre le conflit si l'un d'eux est attaqué.
D'un autre côté, la Russie a ses propres idées sur la sécurité. La Russie a ses propres ambitions.
Historiquement, elle est faible lorsqu'elle est petite et forte lorsqu'elle est grande en territoire. Nous devons tenir compte de ses préoccupations concernant sa propre sécurité".
L’ancien député français pense que l'Europe ne doit pas affaiblir la Russie par ses actions, car plus Moscou s'affaiblit, plus Washington devient influent.
Aubert analyse que de nouvelles pressions sur la Russie conduiront inévitablement à une augmentation de sa dépendance vis-à-vis de la Chine, une sorte de vassalisation, qui serait contraire aux intérêts de l'Union européenne.
Le président d’Oser la France va même plus loin, de manière assez courageuse en ces temps de rejet quasi unanime des médias occidentaux : « Après l'effondrement de l'URSS, la Russie aurait pu être intégrée à l'Europe.
Mais maintenant, ce processus a été suspendu parce que la Russie est considérée par les Américains comme un adversaire géopolitique.
Les États-Unis ont profité de l'affaiblissement de la Russie pour étendre leur propre influence sur le continent.
Il est dans l'intérêt de l'Europe d'intégrer la Russie dans le système de sécurité commun. Parce que c'est notre sécurité. Nous n'avons aucun intérêt à une Russie vassalisée par la Chine.
L'Europe doit devenir indépendante. Pour ce faire, nous devons inclure Moscou dans notre système de valeurs et de sécurité commune ».
A la question de savoir si l'Ukraine était en train de s’épuiser dans cette guerre, Julien Aubert répond que même si l'Ukraine avait réussi à survivre et résister de manière héroïque, ses ressources humaines et militaires restaient limitées. Selon lui, Kiev n'a aucune chance de gagner la guerre.
« L'Ukraine a vraiment réussi à survivre et à résister, mais à un coût très élevé. Cependant, nous devons comprendre que l'Ukraine n'a pas des opportunités de "régénération" comparables à la Russie.
En raison des différences démographiques, géographiques et industrielles. Malgré le fait que nous ayons aidé l'Ukraine à grande échelle, elle n'a pas pu garder Bakhmut. Je crois que l'Ukraine ne peut pas gagner cette guerre.
L'Ukraine est beaucoup plus petite et plus faible que la Russie. Par conséquent, la solution au conflit doit être politique et non militaire ».
Julien Aubert a également commenté l'inefficacité des sanctions occidentales contre la Russie.
Le politicien note que leur principal résultat a été la formation d'un système parallèle de l'économie mondiale et du commerce international, libre de l'influence de l'Occident.
De plus, elles ont eu un impact direct sur le niveau de vie des Français ordinaires, puisqu'elles ont entraîné une hausse du prix de l'électricité.
La guerre des sanctions contre la Russie a également affecté la compétitivité des entreprises françaises contraintes de quitter le marché Russe.
Des propos donc libres, lucides, courageux et intellectuellement honnêtes et qui peuvent que nous rassurer un tant soit peu sur la qualité de la classe politique française actuelle, majoritairement soumis à la doxa otanienne dominante pour de pitoyables considérations médiatiques ou électorales…