La chute de Goma : un tournant dans le conflit entre la RDC et le Rwanda
À l’aube du 27 janvier 2025, des colonnes de miliciens lourdement armés du Mouvement du 23 mars (M23) ont déferlé sur les rues désertées du quartier Keshero.
En moins de vingt-quatre heures, appuyés par des renforts rwandais, les rebelles ont consolidé leur emprise sur Goma. Leur progression, inéluctable, a réduit les forces armées congolaises (FARDC) à une retraite désorganisée. Dans un communiqué triomphal, le M23 s’est félicité de la "libération de Goma", promettant d’assurer "la paix et la sécurité" à la population.
La prise de Goma fait écho à des épisodes passés, notamment la chute de Mobutu Sese Seko en 1997, renversé par Laurent-Désiré Kabila avec le soutien du Rwanda. Aujourd’hui, la RDC semble revivre une période de turbulences similaires. Certaines factions de l’armée congolaise auraient même rejoint les rangs du M23.
Alors que Félix Tshisekedi a écourté sa participation au Forum de Davos pour revenir d’urgence à Kinshasa, l’avenir de son gouvernement paraît incertain. Le rappel du personnel diplomatique congolais depuis Kigali marque une rupture nette entre les deux pays.
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour la RDC, un pays pris dans un engrenage de conflits alimentés par des convoitises économiques et des tensions historiques.
Depuis son indépendance en 1960, ce géant d’Afrique continue de subir les répercussions d’une instabilité chronique, exacerbée par des ingérences extérieures et des rivalités régionales
Après l’assaut dévastateur des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, sur la ville de Goma à l’est de la RDC, un sentiment d’abandon envahit la population congolaise. Beaucoup se sentent trahis par les pays européens traditionnellement considérés comme des alliés. À Kinshasa, la colère gronde. Depuis l’aube, des manifestants ont pris pour cible plusieurs ambassades étrangères : celles de la France, des États-Unis, de la Belgique et, sans surprise, du Rwanda.
Un rapport de l’Onu, énoncent tout de go que ces opérations visent à « renforcer le M23 en fournissant troupes et matériel, et à les utiliser pour sécuriser le contrôle de sites miniers, gagner de l’influence politique en RDC et décimer les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) », groupe rebelle hutu rwandais initialement formé par d’anciens génocidaires.
Qu’à cela ne tienne, Kigali a toujours rejeté toute accusation de lien avec le M23. « C’est un narratif qui perdure depuis longtemps », dénonçait le 4 juillet 2023 pendant une interview à la télévision nationale le chef de l’État rwandais. « Est-ce que c’est vraiment destiné à régler le problème ? », questionnait-il, pointant le silence de la communauté internationale sur le sort des réfugiés congolais rwandophones installés au Rwanda et la collusion des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avec les FDLR, groupe qu’il considère comme une menace pour Kigali.
Or depuis la fin de l'année 2021, le groupe M23, soutenu par des troupes de l'armée rwandaise, a pris le contrôle de vastes portions de territoire dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale, y établissant une administration parallèle.
Goma avait déjà été brièvement occupée par le M23 à la fin de l'année 2012, peu après la création du groupe, avant que celui-ci ne soit militairement vaincu l'année suivante.
Kinshasa accuse Kigali de chercher à s'approprier les abondantes ressources naturelles de la région, tandis que le Rwanda, qui rejette ces accusations, dénonce la présence de groupes hostiles du côté congolais. Cependant, la résurgence du M23 en 2021 s'explique également en partie par une rivalité entre le Rwanda et l'Ouganda pour le contrôle des richesses de la région.
L’histoire contemporaine du Congo RDC est très largement méconnue.Pourtant ce pays d’Afrique centrale regorge d’immenses richesses minières.
Depuis 1997, en République du Congo, et tout particulièrement dans la région orientale du Kivu, on dénombre 10 millions de morts, 500 000 femmes violées et 110 000 km2 de forêts dévastées par l’exploitation illégales de ressources minières.
Dans ce contexte, on aimerait souligner que depuis 1994, on assiste à l’invasion masquée du Congo par des milices des troupes du très puissant Paul Kagame, le chef de l’État rwandais soutenu au départ par le Président Bill Clinton et ensuite par la France par le Président Sarkozy.
Paul Kagame, cet homme rude, qui fut formé aux Etats-Unis, sert au mieux les intérêts de Washington en RDC, mais aussi en RCA au Congo-Brazzaville et dans les États d’Afrique centrale, où la guerre entre l’Occident, la Chine et la Russie est assurément féroce pour le contrôle les ressources stratégiques. Insatiables, les prédateurs dépècent la RDC et pillent ses richesses.
Pour mémoire, la guerre du Kivu, a éclaté en 1996 à la suite du soulèvement des Tutsis congolais qu’on appelle les Banyamulengue, instrumentalisés par l’influent Paul Kagame soutenu par les Etats-Unis et les Britanniques. L’Est de la RDC accueillait en outre depuis 1994 de nombreux réfugiés Hutus, fuyant la colère et la vengeance des Tutsis arrivés au pouvoir.
Or à cette époque, régnait encore le Maréchal Mobutu qui, malgré les nombreuses exactions dues à sa tyrannie, demeurait un fidèle allié de la France et surtout un facteur de stabilité.
Dans cette perspective, les implications de Washington quant aux massacres de réfugiés par les troupes rwandaise a bien été documenté par Charles Onana dans son livre « Holocauste au Congo, Omerta de la Communauté Internationale », publié en 2023 chez l’Artilleur.
Et qui demandera un jour des comptes à Paul Kagame, le protégé des Etats-Unis ?
Washington a toujours nié les faits sur la réalité sur ce sujet, souhaitant préserver à tout prix sa politique et ses intérêts. Et il va sans dire que la nomination du Général Kabarebe a certainement reçu l’aval du Pentagone.
Les guerres passées s’inscrivaient (comme aujourd’hui) dans une rivalité générale américano- française en Afrique. Les Américains avaient ainsi bloqué à l’époque le renouvellement du très francophone Boutros Boutros Ghali au poste de Secrétaire Général des Nations Unies. Enfin, la France, négociant son retour dans le commandement intégré de l’Otan contre la création d’un pilier sud de l’Organisation en Méditerranée, s’est vu infliger au final une méprisante fin de non-recevoir par Washington