L’Escalade du Conflit Iran-Israël : L’Afrique, nouveau de champ de bataille ?
Depuis des décennies, la rivalité entre l’Iran et Israël s’est manifestée sous différentes formes : guerres par procuration, opérations clandestines, sanctions économiques et confrontations diplomatiques.
. Longtemps circonscrit au Moyen-Orient, ce conflit s’étend aujourd’hui à de nouvelles régions, et l’Afrique apparaît comme un terrain de plus en plus stratégique dans cette lutte d’influence.
Un Conflit qui prend racine sur le Continent
Avant même les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza, l’Iran et Israël avaient déjà établi leurs réseaux en Afrique, bien que dans des dynamiques opposées. Téhéran y a tissé des liens avec des groupes chiites, des gouvernements défiant l’ordre occidental et des organisations islamistes opérant sous son influence. De son côté, Israël, fort de ses partenariats sécuritaires et économiques, s’est rapproché de plusieurs États africains à travers des accords de défense, de cybersécurité et d’approvisionnement en technologies agricoles et militaires.
Toutefois, la guerre actuelle à Gaza a redéfini les lignes de fracture. Elle a amplifié la polarisation des positions en Afrique, entre des nations qui expriment un soutien ouvert à la Palestine – comme l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice – et d’autres qui maintiennent une approche plus pragmatique, cherchant à équilibrer leurs relations avec les deux camps.
La Mer Rouge : nouvel épicentre de l’affrontement
L’un des effets les plus tangibles du conflit Iran-Israël sur l’Afrique est la crise sécuritaire en Mer Rouge. L’Iran, via son soutien aux Houthis au Yémen, a contribué à l’augmentation des attaques contre des navires marchands, menaçant un couloir maritime vital pour le commerce mondial. Cette insécurité affecte particulièrement les économies de l’Afrique de l’Est, notamment Djibouti, l’Érythrée et la Somalie, qui dépendent fortement du transit maritime.
En riposte, Israël et ses alliés occidentaux, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont renforcé leur présence militaire dans la région. Mais cette militarisation accrue suscite des interrogations au sein des États africains, qui redoutent une internationalisation du conflit menaçant leur propre stabilité.
Une influence grandissante sur les groupes armés et les régimes Africains
L’intensification de la guerre par procuration entre l’Iran et Israël a également des répercussions sur les groupes armés en Afrique. Des organisations affiliées à l’Iran, comme le Hezbollah, ont renforcé leur présence en Afrique de l’Ouest, notamment via des réseaux de financement et de recrutement. En parallèle, Israël collabore étroitement avec certains États africains pour lutter contre ces influences, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Est.
Au-delà du volet sécuritaire, l’Iran tente de séduire plusieurs pays africains en capitalisant sur un discours anti-impérialiste et panafricaniste. Présentant Israël comme un acteur néo-colonial et l’Occident comme une force d’exploitation, Téhéran cherche à renforcer ses alliances en Afrique, en jouant sur des ressentiments historiques et des frustrations économiques. Cette stratégie porte ses fruits dans certains pays où l’influence occidentale est en recul, notamment en raison de la montée de régimes militaires rejetant la domination des anciennes puissances coloniales.
L’Afrique face à un choix géopolitique délicat
Dans ce contexte, les États africains doivent naviguer avec prudence. Se ranger du côté de l’un ou l’autre camp pourrait avoir des conséquences majeures en termes d’investissements, d’accords militaires et de stabilité régionale. Certains pays, comme le Maroc, ont renforcé leurs liens avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham, tandis que d’autres, comme l’Algérie et l’Afrique du Sud, se rapprochent de l’Iran et de la cause palestinienne.
Avec un cessez-le-feu incertain et des hostilités toujours latentes, l’Afrique pourrait devenir un champ de confrontation indirect entre Israël et l’Iran, redessinant ses alliances et impactant durablement ses priorités sécuritaires et économiques. Si le continent veut éviter d’être instrumentalisé dans cette guerre géopolitique, il devra renforcer sa propre autonomie diplomatique et promouvoir des solutions régionales qui garantissent la paix et la stabilité.