France : L’école française de plus en plus à la dérive
En ayant fait entrer la « théorie du genre » dans les écoles, les petits français deviennent de véritables cobayes d’une idéologie dévastatrice et d’un problème qui ne concerne en réalité qu’une ultra-minorité d’enfants.
Comme toujours, soumis à de petits lobbies très actifs, les gouvernements Macron sont en train de remettre ainsi en cause l’un des repères fondamentaux de notre société, voire de notre civilisation.
Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient. Il est le rédacteur en chef du Dialogue. Ses derniers ouvrages : Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021) et Abdel Fattah Al-Sissi, Le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023)
En septembre 2021, dans une circulaire publiée dans le Bulletin officiel, le ministère de l’Éducation a appelé à mieux accueillir les élèves « transgenres » dans le milieu scolaire. Depuis les directives et les séances (dé)constructives se sont succédées dans les écoles françaises…
« Quant au Planning familial, il insiste sur la nécessité de former les éducateurs pour éviter de « contribuer à reproduire un système binaire ».
Autrement dit, de ne pas oublier ces sujets qui « font partie de la réalité des jeunes » : homo ou bisexualité, asexualité, transidentité et questionnements autour de l’identité de genre, polyamour… Quel élève osera, dans ces conditions, élever une voix divergente sans craindre d'être moqué, dénoncé ou effacé par les tenants redoutables de la cancel culture ambiante ?
Quelle place reste-t-il au milieu de cet enseignement pour l’hétérosexualité, la pudeur, l’affirmation de son identité sexuelle, l’émerveillement devant l’altérité ou la fidélité ? » (Iris Bridier)
En attendant, comme le rappelle encore Iris Bridier, ces initiatives sont « une aubaine pour tous les activistes libertaires ; la voie est libre pour non pas éduquer à la responsabilité mais plutôt « déconstruire les stéréotypes et les idées reçues qui forment le terreau des LGBTIphobies, particulièrement à l’école », explique SOS Homophobie.
Même enjeu pour le Planning familial, qui annonce vouloir « interroger les rapports sociaux de sexe, la hiérarchie entre les sexualités, les normes et les tabous », ce qui permet « d’ouvrir le champ des possibles ».
N’attendez pas de ces séances qu’elles aident le jeune à construire son identité, puisque ces animations permettent « aux participant·es d’identifier les rôles genrés » (SOS Homophobie). Et en guise d’éducation au respect, on les initiera aux « rapports de pouvoir qui sont à l’origine de violences sexistes et sexuelles ou de discriminations ». De bons petits wokistes en perspective... »
En effet, c’est clairement l’idéologie woke, originaire directement des universités américaines, qui s’installe peu à peu dans les écoles françaises. Une victoire pour ce courant de pensée défendu par des lobbies souvent groupusculaires mais très actifs.
Et comme toutes les études sérieuses le prouvent, ce « problème » ne toucherait qu’une infime proportion d’enfants, une ultra-minorité.
Aux États-Unis, des premiers cas de suicide sont apparus parmi les jeunes dont les parents étaient des adeptes de cette théorie.
Certains pays scandinaves ayant suivi les préceptes fous de cette idéologie délirante en reviennent déjà au regard des conséquences catastrophiques sur le plan de la construction personnelle et psychologique des futurs adultes.
Bien évidemment, il faut que l’école soit attentive à toutes les blessures et les souffrances. Qu’elle récuse tout jugement péremptoire et respecte la dignité de chacun.
Néanmoins, l’école doit demeurer un sanctuaire comme le rappelait d'ailleurs Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, en citant parfois Jean Zay, l’un de ces prédécesseurs : « les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ». Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit, rien de plus.
En érigeant le personnel de l’éducation comme co-responsable des questions d’identité sexuelle des enfants, la circulaire de 2021 fait de nouveau entrer dans l’école des débats idéologiques où ils ne devraient pas avoir leur place.
Comme avec l’écriture inclusive qui, outre son aberration intellectuelle, est une catastrophe pour l’apprentissage de la langue, « l’idéologie du genre » fait partie d’une campagne globale de sape et de déconstruction des fondements de notre société, voire de notre civilisation, en exacerbant de la pire des façons l’individualisme et la dictature des minorités.
Avec l’annihilation de tout distinguo entre le masculin et le féminin, les garçons pourront donc porter des jupes dans l’enceinte scolaire, les élèves se considérant « transgenres » pourront ainsi choisir d'utiliser les toilettes et les vestiaires ou les dortoirs (pour les internats) « conformes à leurs identités de genre », et pour couronner le tout, certains, s’ils le souhaitent, pourraient même changer de prénom !
Il faut préserver les enfants, encore fragiles par nature, des dogmes et des diktats de quelques illuminés. N’en déplaise à certains, en dépit du nihilisme idéologique tentant de nous faire croire que tout est semblable à tout et que tout se vaut, ce sont pourtant les différences entre l’homme et la femme, le père et la mère, qui constituent un socle civilisationnel.
Était-ce vraiment une priorité ?
Jean-Michel Blanquer était jusqu’à présent le seul ministre de la Macronie de l’époque, qui trouvait grâce aux yeux de la majorité des Français, et particulièrement de l’électorat conservateur.
Sa discrétion naturelle, son côté très « hussard de la République » et surtout ses déclarations, ses positions et ses quelques mesures pour revenir aux fondamentaux d’une éducation qui avaient fait l’excellence de l’école française dans le passé, séduisaient l’opinion.
Mais voilà, Blanquer semble avoir cédé, comme son patron, au fameux « en même temps ». En ces temps incertains et difficile pour la Macronie, celle-ci paraît être soumise elle aussi à l’entrisme de certains lobbies et s'être mué en vulgaire racoleur de tous les courants, aussi résiduels et minoritaires soient-ils, du progressisme et de la bien-pensance du « bloc élitiste ».
Pour l’heure, les associations militantes estiment toujours que l’État français n’en fait pas encore assez. Ainsi, « 83 % des filles de 3e et de 4e ne connaissent pas la fonction du clitoris », affirme le Planning familial. Rassemblées sous la bannière « CAS D'ÉCOLE - L’État ne fait pas ses devoirs », SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial ont ainsi saisi, le 2 mars 2023, le tribunal administratif de Paris, demandant l’application pleine et entière de la loi Aubry de 2001, réaffirmée en 2018 par la circulaire Schiappa.
En cause, les carences de l’Éducation nationale à proposer les trois séances obligatoires d’éducation à la sexualité par an et par niveau, dès le plus jeune âge. Après avoir reçu une mise en demeure le 21 octobre 2022, Pap Ndiaye, l’actuel ministre de l’Éducation, leur avait répondu ne pas pouvoir garantir la mise en œuvre effective de ces séances, faute de moyens… Résistera-t-il longtemps à ces assauts idéologiques persistants ? Pas sûr…
Alors que le 16 octobre 2020, le professeur Samuel Paty était décapité par un terroriste islamiste devant son collège pour avoir enseigné la liberté d’opinion, que l’école est toujours la victime de tous les communautarismes, des idéologies et des violences parfois meurtrières, comme encore il y a quelques jours à St-Jean-de-Luz, où une enseignante a été poignardée mortellement, et que toutes les études s’accordent sur le déclin et le déclassement inexorable de l’enseignement français par rapport au reste du monde, nous sommes en droit de nous demander si cette théorie du genre à l’école était vraiment une priorité.
Aujourd’hui, un jeune Français sur cinq souffre d’illettrisme, et que l’irrespect et surtout la violence la plus sauvage se développent de manière exponentielle envers les maîtres, comme l’avait confirmé en octobre 2021, l’agression à Combs-la-Ville, en pleine classe (et filmée sous les rires !), d’une enseignante par son élève !
Plus que jamais, c’est d’une révolution en profondeur dont a besoin l’Éducation nationale en France, où la propagande et les idéologies communautaristes et « intersectionnelles » n’auraient bien évidemment plus droit de cité. Celle-ci doit être fondée sur un retour à l’excellence et à l’autorité assumée. Et une remise à l’honneur du mérite, de la discipline, la sanction, l’effort, l’émulation, l’équité, la cohésion nationale, le savoir et la formation professionnelle.
Quant à l’égalitarisme, le narratif victimaire, le nivellement par le bas et la confusion des genres, véritables causes du tragique déclin de l’enseignement (et du déclin tout court !) dans l’hexagone et en Occident en général, ils doivent impérativement et définitivement en être exclus. Avant qu’il ne soit trop tard…