France : L’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires : une initiative de salubrité publique !
Devant les discours radicaux et différentialistes qui progressent dans la société française, près de 80 universitaires avaient fondé en 2021 l’« Observatoire du Décolonialisme et des idéologies identitaires ».
Dans le contexte actuel où l’on voit les fondements de l’Occident attaqués de toutes parts et que surtout, des chercheurs sont encore menacés de mort, cette initiative peut être véritablement considérée comme de salubrité publique.
Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient. Il est le rédacteur en chef du Dialogue. Ses derniers ouvrages : Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021) et Abdel Fattah Al-Sissi, Le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023)
Le 13 janvier 2021, dans un appel paru dans Le Point, une partie du monde universitaire avait annoncé la création de l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires.
Un collectif de travail qui analyse et apporte, depuis plus de deux ans, la contradiction aux offensives du révisionnisme et du terrorisme intellectuel orwellien.
À l'image de ce que nous projette la triste actualité américaine depuis de longs mois, l’Europe et particulièrement la France sont aujourd'hui elles aussi confrontées à une recrudescence d’attaques menées par une idéologie activiste radicale inspirée par l’extrême gauche et obsédée par le sexe et le « genre », la religion, la race et la lutte contre toutes les formes de domination, réelles ou supposées.
Ces minorités militantes ne réclament plus l'égalité des droits pour tous mais des droits spécifiques pour chacun. Elles cherchent surtout à façonner l’actualité et influencer les opinions publiques au prisme de leur idéologie délirante.
Ainsi, souvent aussi par la violence, elles veulent imposer leur révision de l’histoire, déboulonnent les statues, défendent des concepts fous et ubuesques, interdisent les débats, censurent les grands classiques hollywoodiens, de la littérature ou les pièces de théâtre dont la mise en scène ne leur convient pas…
Ces actions et ces discours véritablement débiles ne sont malheureusement pas le seul fait de quelques activistes fanatiques, wokistes, décoloniaux, racialistes, indigénistes, identitaristes, communautaristes ou même écologistes.
Comme le rappelaient si justement les signataires de l’Observatoire du décolonialisme lors de son lancement, « Ce mouvement idéologique procède à une occupation méthodique des postes de prestige savant, ce qui l’a fait sortir de la marginalité malgré l’extrémisme, l’intolérance et la vindicte qui le caractérisent ».
Les délires idéologiques de cette fameuse French Theory portée par Sartre, Bourdieu, Deleuze, Foucault ou Fanon, qui ont essaimé aux États-Unis dans les années 1970, sont - ne l’oublions jamais - bien installées dans l’Université française depuis les années 1960. Lieu qui devrait être pourtant un sanctuaire de la recherche dans toute démocratie digne de ce nom.
Rappelons également que ces idéologies sont les enfants bâtards de l’idéologie communiste puisque durant la Guerre froide, elles étaient massivement soutenues voire financées (« compagnons de route ») par les services de la guerre idéologique et psychologique du KGB dont l’objectif était de saper les fondements des sociétés occidentales afin qu’elles finissent par s’écrouler sur elles-mêmes.
Aujourd’hui, 60 ans plus tard, il semblerait que nous assistions à une victoire posthume de l’URSS puisque les plans soviétiques seraient véritablement en train de se concrétiser…
C’est également la raison pour laquelle, une partie du milieu universitaire français est depuis devenu totalement aveugle au réel et au monde qui l’entoure.
Universitaire moi-même, je suis un témoin privilégié de cette véritable « chape de plomb idéologique » (Tiers-mondisme anticolonialiste puis un gauchisme résolument pro-palestinien, anti-israélien – voire antisémite – et anti-occidental puis, à partir des printemps arabes, résolument pro-islamiste et farouchement hostile aux militaires et aux contre-révolutionnaires des pouvoirs forts) sur l’enseignement supérieur et la recherche en France, notamment dans les études sur le monde arabo-musulman.
Une partie du milieu des orientalistes ou islamologues français a depuis longtemps imposé une certaine doxa qui considère le monde arabe tel un bloc monolithique, l’islam politique comme une nouvelle Internationale des opprimés et tous les Arabes comme les nouveaux damnés de la Terre qu’il faut « exciter » et aider à se dresser contre le méchant homme blanc occidental, le colon israélien, les affreux dictateurs ou certains émirs du Golfe qui ont signé (ou sont tenté de signer) la paix avec l’État hébreu ! On croit rêver !
C’est aussi pourquoi on ne compte plus les erreurs d’analyses des évènements qui touchèrent pendant des décennies cette région, faute d’un prisme idéologique tenace ou d’un manichéisme et des partis dogmatiques.
J’aime à rappeler comme exemple l’enthousiasme naïf de la majorité des chercheurs français pour les « printemps arabes » qui allaient, à coup sûr à leurs yeux, balayer les dictatures et instaurer la démocratie partout dans la région en un claquement de doigts. D’autres « experts », « confondant science et propagande », annoncèrent en 2011, toutes les semaines, « la chute imminente » d’Assad ou encore « un nouvel Afghanistan » pour la Russie dès son implication directe dans la guerre syrienne à partir de l’automne 2015...
Ces dernières années, comme dit plus haut, ces mêmes « savants » condamnent encore, sans arguments sérieux, la normalisation entre Israël et les pays arabes !
Ceci serait risible si, hélas, ces « maîtres de la clairvoyance » n’étaient pas honorés, mis au pinacle et si, depuis des décennies, ils n’avaient pas l’oreille de nos dirigeants et surtout, s’ils n’étaient pas à la solde ou alliés – ou plutôt les idiots utiles – de nos pires ennemis, comme les Frères musulmans et leurs riches sponsors étatiques…
Au-delà des conséquences sur notre image dans le monde et notre diplomatie, de manière plus globale, cette Cancel culture participe à une « conquête méthodique d’une hégémonie culturelle » et « se traduit par une emprise croissante sur les médias, ce qui limite considérablement l’espace du débat démocratique ».
Pire, ce nouvel obscurantisme rampant et dévastateur, ne fait que saper les fondements et le contrat social des fragiles démocraties occidentales, y semant dans leurs sociétés les germes de la désunion et de la haine. Cette entreprise de « déconstruction » de l’ensemble des savoirs voire de « destruction » de l’Occident, est plus dangereuse que jamais.
Dans des nations occidentales en perte de repère, empêtrées dans les conséquences économiques encore prégnantes de la pandémie de la Covid et aujourd’hui dans une véritable guerre larvée, coûteuse et suicidaire contre la Russie en Ukraine, les sociétés occidentales – et surtout européennes – sont plus que jamais fracturées et en proie à une future crise économique cataclysmique.
Certains discours radicaux peuvent par ailleurs influer sur le réel et nourrir chez certaines minorités les incompatibilités entre les réalités et leurs perceptions.
Ajoutons à cela une majorité silencieuse à cran et dans une situation de plus en plus précaire, qui a subi les confinements et qui est la victime des répercussions socio-économiques des calamiteux choix stratégiques en Ukraine de ses dirigeant et enfin, à qui on oblige à longueur de temps de s’auto-flageller, de s’excuser ou faire preuve de repentance pour ses ancêtres ou de ce qu’elle est, et le mélange peut s’avérer détonnant…
En défendant le pluralisme et le goût du débat, ces courageux chercheurs de l'Observatoire du décolonialisme sauvent depuis 2021 à aujourd’hui l’honneur académique et nous prouvent que tout n’est pas perdu.
On ne peut donc que saluer et soutenir de toutes nos forces ce véritable acte de résistance notamment à l’heure du véritable lynchage en règle et aux menaces de mort dont est actuellement victime la brillante chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, pour son dernier livre Le Frérisme et ses réseaux…