Les 3 piliers de l’Amérique en Afrique
Lors de l’audience de confirmation pour sa nomination en tant que futur secrétaire d’État, Marco Rubio a dévoilé une vision ambitieuse et controversée pour le continent africain.
En témoignant devant la commission des affaires étrangères du Sénat, le 15 janvier 2025, le sénateur de Floride a esquissé une politique axée sur trois piliers principaux : - contrer l’influence chinoise ;
- exploiter les ressources énergétiques africaines ; et
- renforcer les partenariats en matière de sécurité.
Cette stratégie marque un changement notable par rapport aux approches de ses prédécesseurs.
Une Afrique au centre de la rivalité sino-américaine
« La Chine est un défi systémique pour nos intérêts en Afrique », a déclaré Rubio avec fermeté. Le sénateur n’a pas mâché ses mots en critiquant les projets d’infrastructure soutenus par la dette que Pékin a multipliés sur le continent. Selon lui, ces initiatives, bien qu’attrayantes à court terme, enferment de nombreux pays africains dans une « dépendance économique ».
Marco Rubio a appelé à une mobilisation accrue des États-Unis pour offrir des alternatives crédibles et attractives. Cela inclurait une augmentation de l’engagement diplomatique et économique avec les nations africaines.
Pour Marco Rubio, l’enjeu n’est pas uniquement économique, mais stratégique. Il s’agit de freiner une influence chinoise grandissante qui, selon lui, sape les valeurs et les intérêts américains.
En positionnant l’Afrique comme un champ de bataille dans cette rivalité géopolitique, Rubio met en évidence l’importance croissante du continent sur la scène mondiale.
L’énergie : levier de croissance et d’influence
Un des aspects les plus discutés du témoignage de Marco Rubio a été sa défense des investissements dans les énergies fossiles en Afrique. Alors que le débat mondial sur le climat pousse de nombreuses nations à s’éloigner du pétrole et du gaz, Marco Rubio plaide pour une augmentation des investissements américains dans ces secteurs. Il voit dans l’exploitation des vastes ressources naturelles africaines une opportunité de croissance économique mutuelle.
Pour Marco Rubio, aider les pays africains à atteindre une indépendance énergétique pourrait renforcer la stabilité régionale tout en ouvrant des opportunités lucratives pour les entreprises américaines. Toutefois, cette position a suscité des critiques. Dans un contexte où l’action climatique est de plus en plus urgente, certains experts ont dénoncé une approche qui pourrait perpétuer la dépendance aux combustibles fossiles.
Sécurité et contre-terrorisme : un partenariat renforcé
Marco Rubio a également souligné la nécessité de renforcer les partenariats sécuritaires avec les nations africaines, en particulier dans des zones critiques comme le Sahel et la Corne de l’Afrique. « Les groupes terroristes comme Al-Shabaab et Boko Haram menacent non seulement la stabilité régionale, mais aussi nos intérêts à long terme », a-t-il averti. Marco Rubio a appelé à un maintien, voire une augmentation, de la coopération militaire et des investissements dans les cadres de sécurité existants.
Cette priorité accordée à la sécurité reflète une approche pragmatique : stabiliser des régions clés pour créer un environnement favorable aux échanges commerciaux et aux investissements étrangers. Cependant, certains analystes craignent que cette focalisation sur la sécurité ne détourne l’attention des enjeux sociaux et économiques essentiels.
Commerce, gouvernance et droits de l’Homme : des priorités réléguées au second plan?
Marco Rubio a exprimé son soutien à des initiatives visant à élargir les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique, notamment par des réformes de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Il a également plaidé pour des partenariats avec le secteur privé afin de créer des emplois et de stimuler l’innovation sur le continent.
Cependant, les questions de gouvernance démocratique et de droits humains, bien que mentionnées, semblent occuper une place secondaire dans la vision de Marco Rubio. Cette priorité accordée aux intérêts économiques et stratégiques a suscité des réserves parmi les défenseurs des droits de l’Homme, qui craignent que ces questions ne soient marginalisées.
Réactions et perspectives
Les propositions de Rubio ont divisé les observateurs. Les partisans saluent sa volonté de contrer l’influence chinoise et de revitaliser les relations américano-africaines. Ils voient dans son approche énergétique et économique une opportunité de renforcer les liens entre les États-Unis et l’Afrique.
Cependant, les critiques pointent un équilibre précaire. La focalisation sur les énergies fossiles est perçue comme un retour en arrière à un moment critique pour l’environnement mondial. De plus, certains craignent que l’accent mis sur la sécurité et les intérêts économiques n’éclipse des questions tout aussi essentielles, comme la santé, l’éducation et la résilience climatique.
L’audience de confirmation de Marco Rubio offre un aperçu précieux des relations futures entre les États-Unis et l’Afrique.
Elle met en évidence une approche stratégique mais controversée, qui pourrait façonner durablement le rôle de l’Amérique sur le continent.