Le Général Al-Bourhane et l’usage du chlore : symbole de la barbarie soudanaise
Un vent brûlant balaie les terres ravagées du Soudan. Dans ce pays d’Afrique de l’Est, où l’Histoire semble s’écrire en lettres de feu et de sang, les armes ne cessent de tonner.
Ce jeudi 16 janvier 2025 , un nouveau chapitre s’est ouvert, sombre et accusateur : les États-Unis ont frappé d’interdiction le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef des forces armées soudanaises (FAS), pour son rôle présumé dans une litanie de crimes atroces, révèle Christophe Châtelot pour Le Monde Afrique, le 17 janvier 2025.
À Port-Soudan, il y a quelques semaines à peine, le général Al-Bourhane paradait sur les marchés.
Mais derrière ce sourire d’apparat, les accusations s’amoncellent. Washington, par la voix du département du Trésor, gèle ses éventuels avoirs sur le sol américain et interdit toute transaction avec lui.
« Les forces armées soudanaises d’Al-Bourhane ont commis des attaques meurtrières contre des civils, notamment des frappes aériennes sur des infrastructures protégées telles que des écoles, des marchés et des hôpitaux », assène Wally Adeyemo, secrétaire adjoint au Trésor.
Les ombres du chlore gazeux
Si l'horreur a plusieurs visages, l’un des plus marquants demeure l’usage présumé d’armes chimiques. Selon une enquête du New York Times, le chlore gazeux aurait été employé à au moins deux reprises contre les Forces de soutien rapide (FSR), les paramilitaires dirigés par Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », rival féroce du général Al-Bourhane.
Ces accusations, bien que non mentionnées dans le communiqué américain, ont été déterminantes, selon plusieurs responsables anonymes cités par le quotidien.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme évoque, quant à lui, des « tueries à caractère ethnique » à Wad Madani, dans l’État d’Al-Jazira.
Les récits qui émergent peignent un tableau d’effroi : des villages rayés de la carte, des civils pris pour cible, des infrastructures humanitaires annihilées.
Un génocide en écho
Dans cette guerre où les alliances se brouillent et où l’espoir d’un avenir démocratique s’éloigne, le mot « génocide » résonne. L’administration américaine l’a appliqué à Hemetti, accusé de crimes contre l’humanité au Darfour, cette région martyre de l’ouest du pays. Dans une symétrie glaçante, les sanctions pleuvent désormais des deux côtés : le général Al-Bourhane d’un côté, Hemetti de l’autre. Mais au-delà des mots et des interdictions, quel impact concret ?
Un pays à genoux
Le conflit soudanais, éclaté en avril 2023, a jeté 13 millions de personnes sur les routes et laissé 150 000 morts derrière lui. « La plus grande crise humanitaire actuelle au monde », clament les Nations unies. Mais au cœur de ce chaos, l’impuissance des grandes puissances transparaît. Antony Blinken, secrétaire d’État américain, ne cache pas ses regrets : « Nous avons échoué à mettre fin à ce conflit. »
Pourtant, l’horreur ne tarit pas. Dans les décombres de Khartoum, les corps s’entassent. À Bahri, au nord de la capitale, la bataille continue, féroce. Les armes, qu’elles soient chimiques ou conventionnelles, rythment une guerre où la vie humaine semble n’avoir plus de valeur.
Un futur incertain
En frappant le général Al-Bourhane et Hemetti, les États-Unis envoient un message : aucun de ces hommes n’est apte à gouverner un futur Soudan pacifié. Mais dans ce pays où l’espoir est pris en otage, la paix semble aussi insaisissable que l’eau dans le désert.
Olivier d’Auzon